jeudi 17 décembre 2009

France : voyage en territoires nippons

Fans du Pays du soleil levant, vous ne pouvez pas forcément dégager assez de temps (ou d’argent) pour aller vérifier sur place votre engouement. Qu’à cela ne tienne ! Voici une sélection de lieux virtuels ou bien réels en France qui vous permettront d’assouvir votre passion.

Vous voulez dénicher un manga, un CD, un DVD en VO et d’occasion :

Book off, le spécialiste japonais de l’occase est à Paris, 11 rue Monsigny. Tél. : 01 42 60 00 66. Infos sur : www.bookoff.co.jp/en/index.html

Vous préférez la littérature japonaise, les magazines et les livres neufs :

Junkudo est votre adresse : rue des Pyramides, Paris 2e. Tél. : 01 42 60 89 12

Ventes en ligne sur www.junku.fr

Comment traduire manga kissa en français ? Manga café !

Installez-vous confortablement et lisez vos BD préférées : www.mangacafe.fr

Vous rêvez de vous habiller en gothique dans le plus pur style de Shibuya :

Boutique Harajuku – Paris. Rejoignez leur 1700 amis sur www.myspace.com/harajukuboutique

Vous en avez marre du menu sushi-brochette et de son alternative brochette-sushi :

Goûtez à la vraie cuisine japonaise grâce au très sérieux Comité d’évaluation de la cuisine japonaise né d’une initiative du JETRO – le Ministère du commerce extérieur japonais - qui privilégie l’authenticité. Liste des restaurants sur www.cecj.fr

Vous voulez découvrir le cinéma japonais :

Pour les films anciens, les rétrospectives de la MCJP, Maison de la Culture Japonaise à Paris, ou de la Cinémathèque française. Infos sur respectivement : www.mcjp.asso.fr et www.cinematheque.fr

Pour les nouveautés et les inédits, le festival Kinotayo et le Festival du film asiatique de Deauville. Infos sur : www.kinotayo.fr et http://deauvilleasia.congres-deauville.com/

Vous voulez plongez dans le Japon érotique et interlope, et découvrir le meilleur du cinéma d’avant-garde :

Des imports, des raretés et des trouvailles sur DVD ou sur papier : HORS-CIRCUITS Vidéoclub – Librairie, 4 rue de Nemours 75011 Paris. Tél : 01 48 06 32 43

Infos sur www.horscircuits.com

Vous avez une envie irrépressible de saké, de sauce soja ou de miso :

Vite une épicerie fine : le Workshop Issé où vous apprendrez à différencier le saké du shochu… www.bizan.fr/workshop/index_fr.html

Vous collectionnez les produits dérivés des mangas :

Pourquoi ne pas essayez la boutique ou les liens de Viz Media (joint venture de plusieurs sociétés d’éditions japonaises présent en Europe et aux Etats-Unis) : http://store.viz.com/

Vous ne mangez du chocolat que s’il est « kawaii », mignon dans le texte :

Une proposition étonnante pour les gourmands : www.chocomiss.com

Vous croyez tout savoir sur Hello Kitty :

Mais êtes-vous déjà allé chez www.victoriacouture.com/mode-femme/magasin-hello-kitty-paris.htm et connaissez-vous le site de ses admirateurs français www.hellokitty.fr ?

Vous êtes plutôt du genre collectionneur d’art :

Pour l’art ancien, des antiquaires spécialisés avec un annuaire sur www.artdujapon.net

Pour les artistes contemporains comme MURAKAMI Takashi, Galerie Emmanuel Perrotin www.galerieperrotin.com ou comme AIDA Makoto, Galerie Mizuma http://mizuma-art.co.jp/

Vous aimeriez bien collectionner mais vous n’en avez pas les moyens :

Découvrez les trésors japonais du passé au Musée Guimet, au Musée Cernuschi ou à la www.guimet.fr et http://amis-musee-cernuschi.org/

Tournez vous vers des créateurs vivants à L'Espace des arts Mitsukoshi-Etoile derrière le Rond point des champs Elysées www.mitsukoshi.co.jp/store/3010/france/

Vous n’êtes pas vraiment amateur d’art mais plutôt de shopping :

Voici une boutique spécialisée en ligne : www.lejaponais.fr

Une jolie boutique à Paris : Kazé, le vent – rue François Miron Paris 4e.

Vous aimez les jardins japonais ?

Musée Albert Kahn à Boulogne Billancourt, 14 rue du Port. Tél. : 01 55 19 28 00

Pour vous le Japonais, c’est dans le texte ou pas du tout :

L’institut japonais, pour des cours en petits groupes www.institutjaponais.com

Ou si vous parlez déjà bien l’anglais les podcasts bilingues de JapanesePod101.com, téléchargeables gratuitement sur itunes ou sur abonnement avec un accès à des cours téléchargeables sur pdf.

Pour améliorer votre pratique de la langue, essayez donc de rencontrer des Japonais(es) :

Trouvez des correspondants avec le Réseau d'Email Français-Japonais, REFJ. Sur http://rose.ruru.ne.jp/multiplication/m-net-f.html

Si pour vous Japon rime avec art martial :

Tous les clubs et les dôjôs de France sur www.artmartial.net

Vous voulez apprendre à cuisiner japonais, à calligraphier, à faire de magnifiques cocottes en papier comme un expert en origami… :

Les ateliers, les activités et les bons plans de l’association Jipango sur www.jipango.com

Pour rester informer au quotidien :

Rendez-vous sur www.aujourdhuilejapon.com

Vous voulez vous investir dans une association pour créer des liens avec la merveilleuse monarchie constitutionnelle extrême-orientale – NDLR = le Japon :

Voici la liste de toutes les assoces de France :www.fr.emb-japan.go.jp/jp_fr/asso/asso.html


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Tatamisés, les fous de Japon by François-Xavier ROBERT est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.

samedi 12 décembre 2009

Ici et maintenant - l'espace et le temps, dans la pensée de Katô Shûichi

A l’occasion de la parution en français de l'ouvrage de Katô Shûichi : Le Temps et l’Espace dans la culture japonaise, traduit par Christophe Sabouret, CNRS Editions, la Maison de la culture du Japon et le Réseau Asie-Imasie (FMSH-CNRS) ont organisé un symposium réunissant de nombreuses personnalités comme Augustin Berque (géographe, directeur d’études à l’EHESS), Maurice Godelier (anthropologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales), Edgar Morin (sociologue, directeur de recherche honoraire au CNRS et fondateur de l’école de la pensée complexe)...

Voilà ce que j'en ai retenu (en résumé car la rencontre a duré entre 4 et 5 heures). Pardon d'avance pour mes erreurs ou mes imprécisions, si vous en remarquez, n'hésitez pas à me les signaler.

Katô Shûichi, philosophe, journaliste, grand voyageur, humaniste, encyclopédiste (il a collaboré à l'encyclopédie Heibonsha) s'affirmait comme "spécialiste de la non spécialisation". Érudit, grand connaisseur des lettres chinoises, il a lutté toute sa vie contre la pensée nationaliste ou narcissique et développé des modes d'analyse et de réflexion "inter-culturels". C'est donc une figure des "Lumières" du XXe siècle. Il a travaillé sur l'hybridité de la culture japonaise, sur la littérature...et sur les notions de temps et d'espace au Japon, caractérisées par un certain présentéisme ou présentisme.

Ce présentéisme, cet "ici et maintenant" existe aussi dans la culture occidentale contemporaine vouée à l'instantanéité comme le rappelait Augustin Berque. Mais en France par exemple, ce n'est pas seulement "ici et maintenant" ; c'est plutôt "Moi ici et maintenant". La notion de sujet et d'individu est importante, on dit souvent "moi, je" - pour bien insister ! Au Japon cette notion de sujet est plus difficile à appréhender, plus diffuse. Elle s'apparente à un "ambiant", un contexte.
Par exemple dans l'haïku suivant :
Être sous
le tintinnabulement
de la clochette à vent
On devine que c'est le locuteur qui vit l'action mais ce qui compte ce n'est pas l'individu, c'est la sensation, l'ici et maintenant...
Le "moi" est comme dissout dans la scène, dévalorisé dans l'ici et maintenant. Ce qui est valorisé, c'est le tissu relationnel dans lequel la scène s'inscrit et qui permet de la comprendre.
Augustin Berque illustre cette notion de tissu relationnel en rappelant la structure du mot ningen ou "être humain" en japonais. Ningen est composé de deux kanji : le premier nin (prononciation chinoise), c'est hito = la personne ; le deuxième gen, c'est aida = entre. Nin/gen = hito/aida = le tissu relationnel = l'"entre-lien" humain.

Ce "aida" est très important au Japon. Par exemple, aidagara signifie "un ensemble de relations humaines", ou autrement dit : le corps social. Aida = gen = ma, le concept de "ma", popularisé dans les années 70 en France grâce à une exposition organisée par le grand architecte Isozaki Arata, est fondamental en ce qu'il traduit précisément cet intervalle plein de relations qui donnent sens entre le sujet et l'objet. Il forme un tissu si intense que la distinction entre sujet et objet est abolie.
Il permet aussi l'ellipse, l'imprécision...c'est le contexte, le fait de "baigner" dans l'ici et maintenant qui apporte le complément de sens et qui permet de comprendre, par exemple, le "haru wa akebono" de Sei Shonagon dans Makura no sôshi - les Notes de chevet. "Au printemps, l'aurore"...

Ishida Hidetaka de l'Université de Tôkyô nous a rappelé, quant à lui, la définition de Kant de ce que c'est qu'une "Lumière". Être une "Lumière" c'est
sortir de l'état de minorité, où l'on se maintient par sa propre faute. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d'un manque d'entendement, mais d'un manque de résolution et de courage pour s'en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude ! Ose savoir ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières. Monsieur Katô s'est très tôt engagé pour la paix - étudiants pendant la guerre, il y a perdu de nombreux amis et a compris qu'il n'avait dû sa survie qu'au hasard.
Il a lutté contre la guerre en Irak, ou encore pour le maintient dans la constitution japonaise de l'article 9 qui affirme le "pacifisme" du Japon...Cet engagement et sa vision universaliste, comparatiste en font donc bien un grand humaniste.

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