dimanche 24 juin 2012

A Nara, où l'on croise quelques enfants







Voilà des images qui militent (en douceur :) pour le port de l'uniforme à l'école, non ? 


jeudi 21 juin 2012

L'astringent : un goût, une sensation, un monde esthétique

Ryoko Sekiguchi est écrivain et traductrice. Elle manie à la perfection le français et le japonais (enfin pour cette dernière langue, je suis un piètre juge, mais je me fie plutôt à...une intuition :). Dans un précédent ouvrage Manger fantôme, elle nous invitait à goûter à la brume, à savourer les nuages et à se délecter des choses transparentes...au risque de devenir soi-même évanescent.


Dans L'astringent, un petit ouvrage tout en équilibre (90g pour 90 pages) paru aux éditions Argol, Sekiguchi-San nous ouvre de nouveaux territoires inconnus. L'astringent n'est, en effet selon elle, pas seulement cette sensation qui vous envahit quand vous croquez dans un kaki pas mûr ou quand vous dégustez un thé bien épais ou un vin riche en tannins. Ce n'est pas seulement cette sensation qui rend votre bouche, votre palais et votre estomac pâteux comme si vos tissus se contractaient ou comme s'ils étaient subitement tapissés par un film léger et organique. Non, dans la culture japonaise, la sensation a opéré par translation, transposition et proximité dans d'autres domaines : comme la mode, par exemple. La faute à qui ? La faute au kaki ! Ce fruit tellement japonais était utilisé pour son caractère astringent à la fois en cuisine, mais aussi pour rendre la colle plus collante ou le papier des éventails plus solide. Ces nombreuses utilisations ont favorisé le glissement de la bouche vers les yeux, du goût vers l'apparence : vers une esthétique caractérisée par un travail long et attentif, un style discret et élégant, loin de l'exubérance des formes et des couleurs criardes.
Ce style c'est le "shibumi". Cette attention portée à la sobriété, au travail bien fait et à l'élégance m'a fait pensé au célèbre essai de Junichirô Tanizaki, L'éloge de l'ombre, dans lequel l'auteur insistait sur la beauté des objets artisanaux patinés par le temps et magnifié par la pénombre. Les deux auteurs font d'ailleurs référence à un autre  concept bien japonais : le "wabi sabi" qui, dans la beauté et la poésie, serait cet intérêt porté à l'impermanence des choses.
Ni amer, ni âpre, l'astringent est un monde en soi. A découvrir grâce à la précision et à la finesse de Ryoko Sekiguchi.

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Tatamisés, les fous de Japon by François-Xavier ROBERT est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France