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lundi 27 novembre 2023

Un article sur l'autrice japonaise Hiromi KAWAKAMI

Nouveau à découvrir sur le site du Journal du Japon, mon article : 

Choses humaines, délicatement humaines : une plongée dans l’œuvre de Hiromi KAWAKAMI.

"Comment une autrice japonaise, vivant à l’écart de l’agitation médiatique dans un quartier périphérique de Tokyo, parvient-elle à inspirer et à captiver les lecteurs du monde entier ? À l’occasion de la parution de son de
rnier ouvrage traduit en français, Un Matin légèrement nuageux, sorti en librairie le 6 octobre 2023, partons à la rencontre d’une écrivaine exceptionnelle dont l’écriture subtile et poétique nous invite à explorer les profondeurs de l’âme humaine : Hiromi KAWAKAMI."

Pour lire gratuitement l'intégralité de l'article, cliquez sur CE LIEN.

Belles et bonnes lectures à toustes !


mercredi 30 août 2023

Des cinéastes prénommés Kôji

J'aime beaucoup deux cinéastes japonais (parmi une bonne dizaine d'autres de talent).

L'un est encore bien vivant et porte un cinéma exigeant, qui commence à être reconnu en France : Kôji Fukada, né en 1980 à Tokyo. Mon film préféré de ce réalisateur, à ce jour, s'appelle "L'infirmière" sorti en 2019. Fukada y fait preuve de son art consommé de la mise en scène et déroule son histoire en entretenant soigneusement le mystère qui nimbe les personnages principaux.



L'autre est malheureusement décédé brutalement dans un accident de circulation, écrasé par un taxi. Il s'agit de Kôji Wakamastu (1936-2012). Il a réalisé un grand nombre de films à petits budgets, dont les fameux pink eiga ou pinku, des films érotiques qui lui rapportaient parfois beaucoup et lui offraient une grande liberté de création.
J'adore son film, très dur, bouleversant : "Le Soldat dieu", de 2010, dont le titre japonais "Caterpillar" (la larve, la chenille) décrit bien le sujet de ce soldat revenu homme-tronc dans son village. Ce soldat, cette "chair à canon", passe du statut d'héros national des jeunes gens envoyés à la guerre, au mépris le plus complet de sa communauté face à sa déchéance physique.



Je me suis rendu compte récemment que ces deux cinéastes portaient le même prénom : Kôji !
Mais ce prénom masculin japonais "Kôji" connaît en fait plus de 250 variations ou mariages de kanji (les idéogrammes japonais inspirés du chinois).
J'ai eu envie d'enquêter sur leur prénom respectif et voici le résultat.

Kôji Fukada 晃司 
晃 luminosité, éclat, clarté
司 administrer, gérer, contrôler
Donc on peut proposer que le prénom de Kôji Fukada signifie "celui qui contrôle la lumière". Ce qui en ferait un prénom prédestiné pour un cinéaste.

Kôji Wakamastu 孝二
孝 la piété filiale, le respect des parents et des ancêtres
二 la caractère pour 2, le second...peut aussi signifier le fait "de douter, d'aller à l'encontre"
J'ai envie de croire que ce prénom a pour sens "celui qui se rebelle contre ses parents" (même si mon interprétation est sans doute un peu tirée par les cheveux). Pour un cinéaste avec un tel goût de la provocation et qui s'est toujours montré tellement irrévérencieux, ce serait chouette !

Voilà en tout cas, visionnez leur film sur grand écran si possible...ou sur petit écran faute de mieux.

Bons films !

Contre-culture, underground et littérature japonaise - un article pour Paris Librairies

 J’ai écrit ce texte original pour les libraires de proximité de Paris Librairies : " Contre-culture, underground et littérature japonaise ".

Il s'accompagne d'une bibliographie de plus de 40 conseils de lecture en relation avec le thème 🇯🇵

À lire ici 👉 article Japon, contreculture et littérature

Bonnes lectures !

Merci beaucoup à Stéphane du Mesnildot 🙏



vendredi 11 novembre 2022

Yasunari Kawabata : le grand écrivain et ses démons

J’ai écrit un article sur Yasunari Kawabata, le grand écrivain japonais pour le Journal du Japon

à lire ici 👉 cliquez ICI !



#Japon #livre

samedi 4 juin 2022

La musique face aux fantômes de la guerre : une rencontre avec l’écrivain japonais Akira MIZUBAYASHI

Yann Brancherie de la LIBRAIRIE LE DIVAN à Paris recevait l’écrivain japonais, Akira MIZUBAYASHI, à l’occasion de la sortie de son nouveau roman, paru aux Editions Gallimard : 

"Reine de cœur".

L'occasion pour moi d'enregistrer un nouvel épisode pour le podcast "Le jardin", à écouter en intégralité ici >>> PODCAST.


#livre #japon #musique #podcast

vendredi 15 octobre 2021

Les 150 plus beaux jardins du monde : 12 jardins japonais à l'honneur

 🌏 🌎 🌍   Les 150 plus beaux jardins du monde : 12 jardins japonais à l'honneur

📚  Un livre magnifique à découvrir le 21 octobre en librairie 🌼 






mercredi 22 septembre 2021

L’écrivain Ira ISHIDA et la jeunesse emportée par la tourmente

Connaissez-vous l'écrivain japonais Ira ISHIDA ? 

Mon article pour en savoir plus CLIQUEZ ici.   

Son thème de prédilection : la jeunesse tokyoïte. 

Son dernier roman : les bombardements sur Tokyo.



mardi 17 août 2021

Créer un monde de sens implicite


"J'avais vu tomber une fleur de camélia. 
Il m'était arrivé de voir les pétales rouges joncher le sol comme des gouttes qui éclaboussent, les fleurs choir lourdement, sans perdre leur forme, mais jamais je n'avais vu de près une fleur de camélia dans sa chute. 
Regarde ! ai-je dit à Rei qui marchait à côté de moi. Il a tourné tout de suite les yeux et a ramassé machinalement la fleur qui avait conservé sa forme, intacte. 
Sans rien dire, il l'a serrée avec force dans sa main. Les gros pétales se sont détachés et dispersés au sol. Des doigts qui les emprisonnaient, plusieurs ont continué à s'échapper. Enfin, il n'est plus resté que le cœur de la fleur, tout jaune. Rei l’a broyé dans sa paume."
Hiromi KAWAKAMI, Manazuru
(extrait)

Souvent, je n'arrivais pas à décrire exactement ce que je ressentais à la lecture d'un roman japonais. En fermant un roman écrit par une autrice ou un auteur japonais, je suis en général laissé à une douce rêverie.
Je crois avoir mieux analysé ce sentiment, récemment, en lisant l'introduction du poète Zéno Bianu et de la traductrice Corinne Atlan pour leur anthologie du haïku, parue chez Gallimard. Ils y utilisent l'expression "créer un monde de sens implicite". Et cette expression m'a immédiatement parlé.
C'est bien cela que j'éprouve régulièrement en lisant un auteur du Japon : les émotions, les sentiments, la psychologie des personnages ne sont pas analysés ou décrits de manière directe. On comprend tous ces états intérieurs grâce au contexte. Il y a beaucoup de non-dits mais aussi une approche très sensible et très connectée à la nature, aux détails, à la vie comme elle est. Une forme de délicatesse. Cette écriture de la suggestion est caractéristique de la poésie japonaise, mais on la retrouve aussi dans les textes de fiction en prose.

On dit souvent que les Japonais sont très habiles pour comprendre sans rien dire (ou à mots très couverts) les sentiments d'une personne. Ils peuvent lire sur votre visage vos émotions. Ils sont habitués à "lire l'air" comme le montre l'expression japonaise : kûki wo yomu. Ils "lisent l'air" de la situation et, par conséquent, les expressions faciales des personnes sont une source d'information pour comprendre leurs émotions. Cela explique peut-être en partie cette délicatesse. On n'a pas à appuyer là où cela fait mal ou à souligner une émotion positive, si on l'a déjà "lue" dans l'atmosphère de la rencontre et de la pièce. C'est une forme de politesse.



Dans les cultures où le contrôle des émotions est la norme, comme au Japon, l'accent est mis sur les yeux pour les interpréter. Alors que dans les cultures où les émotions sont ouvertement exprimées, comme aux États-Unis, l'accent est mis sur la bouche. Ces différences culturelles sont, par exemple, illustrées par les émoticônes, ces symboles utilisés pour transmettre une émotion dans un e-mail, un sms et sur les réseaux sociaux en général. Les émoticônes japonaises de bonheur et de tristesse représentent la forme des yeux, tandis que les émoticônes américaines utilisent la bouche. Aux États-Unis, les émoticônes : ) et : - ) désignent un visage heureux, tandis que les émoticônes :( ou : - ( désignent un visage triste. Les Japonais, eux, ont tendance à utiliser le symbole (^_^) pour indiquer un visage heureux, et (;_ ;) pour indiquer un visage triste. Or les yeux se taisent ou parlent d'eux-mêmes, quand la bouche, elle, bavarde !

Yukio MISHIMA s'amuse dans son roman "La musique" de la discrétion et de la simplicité des Japonais, en livrant une vive critique de la psychanalyse dans le style d'une lettre de menaces de l'extrême droite adressée au héros du roman, un psychanalyste japonais...or la psychanalyse est un art de la parole :

"La psychanalyse, c'est la destruction de la culture japonaise traditionnelle. La "frustration" et autres hypothèses tout aussi négatives constituent un véritable sacrilège envers la vie psychique des Japonais simples et bons. Face à la culture japonaise qui, dans sa modestie, s'est toujours refusée à pénétrer trop avant dans le coeur de l'homme, des dogmes malpropres et vulgaires comme ceux qui veulent à tout prix trouver une cause sexuelle à tous les comportements humains, et qui se targuent ainsi de libérer l'homme de ses refoulements, ne sont rien d'autre qu'une philosophie née dans le crâne le plus corrompu, le plus vil de tout l'Occident."

Pour terminer cette réflexion sur le style d'écriture japonais. J'aimerais aussi mettre en avant deux concepts de l'esthétique japonaise, caractérisée par la sincérité, la légèreté, l'objectivité et une tendresse particulière à l'endroit des créatures vivantes (rappelez-vous du chat de Sôseki ou de la grenouille de Bashô).
  1. 幽玄 / yûgen : les sentiments les plus profonds ne doivent pas être exprimés, l'intellect ne peut appréhender la vérité ultime, il s'agit donc de suggérer un état intérieur sans le décrire.
  2. わび・さび / wabi sabi : la beauté doit amener à une prise de conscience qui permet de trouver de la satisfaction dans la pauvreté et la solitude. On peut ressentir des choses profondes et riches dans un environnement calme, admirer un objet rouillé ou patiné par le temps...Wikipédia donne les définitions suivantes pour wabi : solitude, simplicité, mélancolie, nature, tristesse, dissymétrie… et pour sabi : l'altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies, pour la salissure, etc.
Voilà, ce sont des réflexions sur la littérature japonaise qui ne sont pas le fruit d'un long travail de recherche, mais de recoupements entre différentes lectures et d'impressions longtemps ressenties. 
Si vous avez un avis plus docte sur le sujet, je suis à l'écoute des commentaires et des critiques constructives.

Bonnes lectures !




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Tatamisés, les fous de Japon by François-Xavier ROBERT est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.

mardi 6 juillet 2021

Huit femmes puissantes et une traversée du 20e siècle au Japon

Depuis Ichiyō HIGUCHI (1872-1896), première femme écrivaine de l'époque moderne au Japon, le Pays du Soleil Levant ne manque pas d'autrices contemporaines de grand talent. J'ai beaucoup d'estime et d'intérêt pour Hiromi KAWAKAMI éditée en France par les EDITIONS PHILIPPE PICQUIER, par exemple. Et de nombreuses autres Japonaises sont traduites par différentes maisons d'édition comme : Yoko OGAWA chez Actes Sud, Risa WATAYA, Sayaka MURATA aux Éditions Denoël, Natsuo KIRINO qui cartonne avec ses thrillers parus aux Éditions du Seuil, ou encore, Mieko KAWAKAMI et son roman "Seins et oeufs". Récemment, et par le plus parfait hasard, j'ai lu (l'un à la suite de l'autre) ces romans, tous deux parus dans la collection poche Folio aux Editions Gallimard : > Les dames de Kimoto de Sawako ARIYOSHI, d'abord édité par les Éditions Stock puis au Mercure de France, > La légende des filles rouges de Kazuki SAKURABA chez Piranha. Je les ai lus dans cet ordre...et cela m'a inspiré les réflexions résumées dans l'article suivant à découvrir dans le JOURNAL DU JAPON.
#littérature #livre #édition #librairie #japon #féminisme #lire #lecture #auteurs #écrivaine #talent #article #journalisme #critique

samedi 3 juillet 2021

AKARI : les lampes-sculptures en papier d'Isamu NOGUCHI

🏮 Vous connaissez les lampes en papier japonaises, ces beaux globes légers et aériens qui diffusent une douce lumière tamisée et apportent une présence chaleureuse à n'importe quel espace. 💡 Mais saviez-vous que c'est l'artiste nippo-américain Isamu NOGUCHI, élève de Brancusi, qui a imaginé ces lampes comme de véritables sculptures lumineuses. 🕯️ Je vous raconte l'histoire de cette création d'une icône du design ici dans un article paru dans le Journal du Japon.
#japon

mardi 27 avril 2021

La main qui écrit : rencontre avec l'autrice Ryoko SEKIGUCHI

Voici un entretien avec la poète, essayiste, écrivaine, Ryoko SEKIGUCHI, née à Tôkyô.

Dans ce podcast, l'autrice nous explique qu'elle se considère comme une "main qui écrit", kaki te en japonais.

N'est-ce pas la meilleure définition d'un écrivain ?


jeudi 15 avril 2021

À la recherche de la vérité intérieure : un entretien avec Dominique Palmé traductrice des "Confessions d'un masque" de Yukio MISHIMA

"Longtemps, j’ai soutenu que j’avais tout vu de la scène de ma naissance." 

La première phrase des "Confessions d'un masque" de Yukio MISHIMA place volontairement son "premier roman autobiographique" sous le signe de Proust.

Pour en savoir plus sur le livre de cet auteur de génie, l'interview > https://bit.ly/confessions_mishima_fxrobert


dimanche 31 janvier 2021

Les minutes des Français sont très longues

"Les Japonais sont nés sur une île où le premier droit est un devoir : respecter l'autre et savoir vivre ensemble."

Très joli reportage de 1981, un peu patiné par le temps, sur la perception des Français par les Japonais vivant en France. Le reportage nous apprend qu'au début des années 80, 2000 Français vivaient au Japon contre 20 000 Japonais en France ! 


vendredi 29 janvier 2021

ROBOTO - un morceau électro

Bonjour, 

J'ai toujours rêvé d'écrire une chanson. Voici un premier essai : Roboto. On connaît la passion des Japonais pour les robots...

Années 2000. Au moment où les robots deviennent de plus en plus humains, on observe que les humains se comportent de plus en plus comme des robots. 

Du Japon à l'Europe, frères robots, frères humains : unissez-vous pour reconquérir votre liberté !

 "Le robot-amant sera un produit véritablement révolutionnaire. À la différence d'un être humain normal, peu importe la manière dont vous le traitez, aussi rude soit-elle, il ne s'en formalisera pas. Et quand vous n'en aurez plus besoin, vous pourrez facilement vous en débarrasser. Ah ! N'est-ce pas fantastique ?" 

Source : série japonaise "Zettai Kareshi", 2008. 


« Deru kugi wa utareru » (出る杭は打たれる) une expression japonaise qui signifie le clou qui dépasse appelle le marteau. Cette phrase est une bonne illustration de la société nippone traditionnelle qui préfère la conformité et l'harmonie sociale à l'indépendance et à l'expression individuelle. 

Source : www.japoninfos.com


Paroles et textes de la chanson, voix : François-Xavier ROBERT

Création de la mélodie et mise en musique par : Julien HAURANT

mardi 29 décembre 2020

Séries japonaises : mon TOP 15 des dorama

D'habitude, je saute sur les films de cinéma japonais distribués en France, et visibles dans les salles d'art et essai ou lors de festivals. Mais l'année 2020 m'a amené à me pencher sur les séries japonaises : les dorama - drama (même si les Japonais emploient de plus en plus le mot "shilizu" - series).

Première qualité, les bons dorama sont courts (une dizaine d'épisodes de 50 min environ) et ne se développent généralement que sur une seule et unique saison, quel que soit leur succès public.

Deuxième qualité, quand on ne peut pas voyager au Japon, les dorama nous plongent dans un univers quotidien, sans grand artifice de mise en scène, avec des scènes de repas souvent alléchantes. 

Ils convoquent aussi un peu de l'état d'esprit des Japonais. J'ai remarqué, par exemple, qu'un ressort des nombreuses séries semblait être la frustration (kuyashii, kuyashisa), ce terme revenant régulièrement dans les séries visionnées. En fait, le terme fait référence au sentiment de colère ou de découragement que l'on ressent lors d'un échec, d'une défaite ou d'une humiliation.

Autre constat, les dorama ont souvent lieu dans un contexte d'études supérieures (un peu comme les teen movies ou campus movies américains) et sont également souvent adaptés de manga. Ce dernier point expliquant sans doute le premier...Je ne me suis pas intéressé aux dorama historiques qui pour la plupart idéalisent ou mythifient la vie des samouraïs. 

Enfin si la tragédie, le mélodrame, et l'humour dominent le genre, le suspens et l'action (et même la chronique sociale) ne sont pas totalement absents. 

Rendons à César ce qui lui appartient. Aujourd'hui, tout le monde se passionne pour les séries coréennes dont le modèle est bien né au Japon. Elles semblent juste avoir enflé au passage en franchissant le détroit de Tsushima, avec deux fois plus d'épisodes en moyenne et des durées à l'épisode qui passe allègrement les 60 minutes. Attitude pleine de prétention ? :)

Il existe quantité de série japonaises, je vais donc vous guider en vous proposant mon TOP 15 des drama japonais


1) Going my home : retrouver le père, avec l'aide des lutins de la forêt... 

Bon, j'avoue. Kore Eda Hirokazu est l'un de mes réalisateurs japonais préférés donc quand j'ai découvert qu'il avait, en plus de son activité de documentariste et de cinéaste, créé une série télé : je me suis jeté dessus. 

On retrouve, dans sa série, toute l'acuité du regard du cinéaste sur la société japonaise, son don particulier pour filmer les histoires de famille et sa poésie douce.

Ici cette dernière est légèrement teintée de fantastique. Un fantastique du quotidien, à la Haruki Murakami, où la réalité dévie juste un tout petit peu vers le monde des elfes et des songes...pour mieux nous raccrocher à la vie au final.

Une jolie découverte à voir en famille ou tout seul bien installé dans son lit.


2) Kino nani tabeta? (Qu'as-tu mangé hier ?) : l'amour se réchauffe au creux des marmites et dans l'odeur exquise des bons petits plats mijotés à la maison

On suit la vie d'un couple gay : un avocat doué en cuisine qui travaille dans un petit cabinet de juristes à Tokyo, et son mec qui, lui, est un coiffeur, doux rêveur et sympathique. 

L'avocat nous donne dans chaque épisode une ou deux recettes qu'il a lui-même affinées ou qu'il a héritées de sa mère, fine cuisinière également. J'ai essayé sa recette de minestrone : délicieux ! 

C'est suffisamment rare pour une série japonaise de mettre en avant un couple gay pour souligner le bel effort. La société japonaise est très tolérante vis-à-vis de l'homosexualité...du moment où on n'en parle pas et qu'aucun membre de votre famille ne soit homo. Je schématise ; mais c'est un peu ça quand même. 

Donc bravo à cette série et bravo pour toutes ces succulentes recettes.


La série Trente ans de virginité peuvent faire de vous un sorcier?! adaptée d'un Boys-Love Manga est aussi intéressante. Complètement décalée comme son nom l'indique... 


J'ajoute le film de Rikiya Imaizumi, qui réalise des longs métrages toujours très sensibles : His. Une histoire d'amour entre deux jeunes hommes qui évitent beaucoup de clichés... 


3) et 4) My boss, my hero : les yakuzas au grand cœur nous font rire

Cette série est assez débile (comme beaucoup de séries japonaises - il faut bien le reconnaître) mais tellement drôle ! 

Le héros, un jeune chef yakuza bagarreur et inculte, doit...reprendre des études. Cela donne lieu à de nombreuses situations cocasses et je pense que l'acteur principal, l'excellent Tomoya Nagase, doté d'un très beau visage mais qu'il sait faire grimacer peut-être encore mieux qu'un Louis de Funès, insuffle cette énergie comique qui m'a beaucoup plu surtout dans les premiers épisodes. 

À noter aussi la chanson du générique, Sorafune, interprétée par le groupe Tokio qui est vraiment réussie et entraînante. 

Chaque série produite par les chaînes de TV propose ainsi une chanson titre.

Dans le même genre mais au féminin cette fois-ci, il y a aussi le dorama : GOKUSEN.

Ici, c'est l'héroïne jeune professeure de mathématiques qui est issue d'une famille de yakuza.

Elle doit prendre en charge une classe d'adorables cas sociaux qui vont trouver une interlocutrice à leur hauteur.

C'est moins réussi que My boss, my hero à mon avis ; mais c'est comme une variation sur un thème similaire.


5) Hanzawa Naoki : méfiez-vous du banquier qui dort

Avec le thème suivant : un banquier qui veut arriver au top de la hiérarchie...c'était pas gagné. Quoi de plus ennuyeux qu'une histoire de banquier ?

Mais l'intérêt de la série réside dans l'opposition entre d'une part le groupe des banquiers véreux et des grands patrons cupides, confrontés d'autre part à celui des banquiers qui veulent vraiment aider à développer le pays et des petits patrons amoureux du travail bien fait.

On voit bien, dans le dorama, ce trait très japonais du travail de qualité où l'on peut passer toute sa vie à améliorer la résistance et la forme d'une vis et d'un boulon.

Adapté du manga :


6) Nodame cantabile : le jeune chef psychorigide et la pianiste inspirée, faignasse et...benête

On est ici dans le registre de la pure comédie avec un jeu outrancier et potache à souhait. 

Mais quel bonheur d'écouter autant de musique classique dans une série ! Et de donner le goût de cette musique. 


7) Hibana sparks : la vie de bohème des comédiens japonais

Netflix m'agace. Ce qui m'agace chez Netflix, comme chez d'autres GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple et consorts), c'est cette volonté hégémonique de tout exploser, tout maîtriser, de détruire toute la concurrence, d'imposer son modèle, ses contenus, son mode de distribution...Bref, je pense que les salles de cinéma sont indispensables à la création et aussi à l'expérience de visionnage des films et qu'aucune société aussi douée soit-elle ne devrait prétendre à devenir le maître du monde (surtout quand on s'affranchit des règles fiscales et qu'on ne joue pas à armes égales).
Cela étant dit, revenons à nos moutons.

Cette série est intéressante car elle se penche sur un genre typiquement japonais de one-man-show ou standing comedy : le manzai. Contrairement au style occidental où l'acteur est seul en scène, il s'agit ici de duo comique, un peu à la Laurel et Hardy, mais avec un fort accent mis sur les dialogues, la langue, les jeux de mots...

On suit ici les tribulations de deux jeunes acteurs dans le Japon d'aujourd'hui. Le style manzai n'est plus aussi populaire qu'avant. Accrochez-vous les petits gars !


8) Tokyo Tarareba Girls : ratiocination et procrastination entre copines

Un jour mon prince viendra...
Ou pas !

Le message de la série, c'est : prends ta vie en main sans négliger la belle sororité avec tes meilleures copines.

Un trio tokyoïte de chic et de choc nous entraîne dans ses aventures. J'aime beaucoup le fait qu'elles se retrouvent tout le temps dans l'izakaya (bistrot à la japonaise) du père d'une des filles, autour d'une bière, à refaire le monde à grands coups de "tarareba" que l'on peut traduire par : si seulement, avec des si, ce qui est fait est fait...


Le manga vient de paraître en France aux éditions Le lézard noir.


8) Zettai kareshi - Absolute boyfriend : l'amour au temps des humanoïdes

On connaît le goût des Japonais pour les robots, les costumes, les fétiches en général...Et si un savant de génie, mais un peu allumé quand même, imaginait l'amant idéal, l'amoureux qui comblerait tous vos désirs à la fois émotionnels et physiques.

C'est la bonne idée de départ de cette série : le robot humanoïde amant parfait. C'est un spécimen, il est en mode test...On va voir ce qui va se passer.

Comme souvent dans les séries en général, et les drama japonais en particulier, le scénario part en sucette à environ la moitié du parcours. Mais c'est quand même sympa à découvrir !


9) Orange days : et si on créait une fraternité ?

Une comédie de campus avec un petit truc en plus : la langue des signes.

Le personnage féminin principal est en effet atteint de surdité. Violoniste accomplie, elle a perdu toute confiance en elle après avoir développé la maladie.


Il faudra tous les efforts du charmant Satoshi Tsumabuki (et de leurs amis) pour reprendre courage.


10) Water boys : pour admirer les maillots de bain les plus ajustés au monde !

Des garçons veulent monter un groupe de natation synchronisée. Allez, bon courage !
Comme dans le film français de Gilles Lellouche, Le Grand Bain, avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde et Philippe Katerine, ou dans le film britannique The Full Monty, c'est le côté "loosers magnifiques dépassés par un objectif à la fois bizarre et plus grand qu'eux" qui fonctionne. Et rassurez-vous, ça finit bien.

11) One liter of tears : ça va faire pleurer dans les chaumières !

Un litre de larmes, c'est à peu près ce que chaque spectateur doit verser en regardant cette série. 
Une jeune fille gentille, dynamique, moteur dans sa famille comme dans son équipe de basketball féminin, est atteinte d'une maladie neurologique dégénérative qui va lui ôter peu à peu toutes ses facultés. Je ne "spoil" rien, ni ne divulgache rien en écrivant cela car cette maladie, au nom aussi imprononçable en japonais qu'en français, est évoquée dès le tout premier épisode. 


Cela finit mal mais on a le plaisir au passage de découvrir le jeune Ryō Nishikido (chanteur de J-pop, acteur, modèle) dont c'était l'un des premiers rôles (ou presque).

J'ai beaucoup pleuré.



12) Midnight diner : TOKYO STORIES,
petites conversations entre amis accoudés sur le bar du patron

Une autre série proposée par le grand arrogant suprême (tout le monde aura reconnu Netflix). C'est sympa parce qu'on n'y parle de bouffe et de gros sentiments.

On découvre aussi cette culture si typique du Japon populaire, les bars de comptoirs ou mini bars, tenus par un homme seul, mais le plus souvent par une femme seule, la mama-san.

Ici c'est un homme qui accueille les clients tard le soir et les réconforte avec ses bons petits plats...qui ne figurent sur aucune carte. Le plat du jour s'efface devant les soucis et les envies de chacun.


13) BG - Personal Body Guard : les gentils gardes du corps contre les méchants flics qui se la jouent

Une série d'action populaire avec en héros un ancien membre du groupe de talento SMAP (boys band à la japonaise), un des modèles du genre, qui joue les gros bras : j'ai nommé Takuya Kimura (ou Kimutaku pour les intimes). C'est divertissant et plutôt bien ficelé.



14) Followers : réussir à émerger à l'ère d'Instagram

Encore une série N...x, la dernière promis. Elle aborde le sujet de la réputation numérique. Les jeunes et moins jeunes sont rivés sur leur nombre d'abonnés Instagram ou Facebook. surtout quand on travail dans la mode, le théâtre ou l'art au 21e siècle.

Cela pourrait paraître banal ou cliché (et ça l'est à maints égards) mais la série fonctionne à mon avis car elle s'intéresse aux destins de 6 femmes : 3 de l'ancienne génération qui ont brillamment réussi (une photographe, une cheffe d'entreprise et une agent de stars) et de 3 jeunes femmes (une star de la chanson J-Pop, une autre voulant percer dans le théâtre ou le cinéma et une dernière créant des toiles très personnelles).

Une belle histoire magnifiée par des plans superbes de Tokyo, la nuit.

15) Unnatural : les médecins légistes mènent l'enquête


Si l'on en croit la série (mais je ne me suis pas documenté sur le sujet), il y aurait un problème avec la médecine légale au Japon. Peu de professionnels veulent embrasser cette voie, il y aurait embouteillage, pas assez de médecins spécialisés et donc un grand nombre de cas irrésolus ou tout simplement non traités, faute de temps et de moyen.

Ici, on suit donc les enquêtes menées par une agence indépendante qui aident la police sans être rattachée directement à cette dernière. La médecin en chef est une femme donc beau message aussi pour les filles mieux valorisées que les hommes dans cette série. C'est suffisamment rare pour être noté.



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vendredi 5 juin 2020

L'or blanc du Japon : un petit grain à la saveur si fine

Les Japonais se sont choisis pour principale divinité le soleil, la déesse Amataresu, représentée par un miroir dans les temples shinto, et le pays se veut à l'origine du soleil, qui y trouve ses racines – c'est l'étymologie du mot Nihon (nippon). Mais si c'est bien le soleil qu'on retrouve sur le drapeau, cercle rouge sur fond blanc et qui semble bien symboliser la nation, c'est le riz qui en constitue le ferment.

Introduit sur l'archipel il y a plus de 2 000 ans, sa culture nécessite beaucoup d’eau, un fort ensoleillement, et surtout beaucoup de travail en commun. Sans la participation des voisins et une organisation rigoureuse des tâches ardues de piquage, repiquage… pas de récolte ! Ce sont les concepts d’entraide connus sous le nom de yui (entre individus connectés par intérêt) ou moyai (entre personnes d’une même famille). On dit que le sens du groupe et le goût du travail en commun des Japonais viendraient en grande partie de cet art de la culture du riz.

Et le riz n’est pas seulement, loin s’en faut, un objet historique ou un symbole de la nation nippone. Un simple bol de riz cuit à la perfection, petit dôme fumant, cône idéal, constitue aussi à lui seul, et sans autre fioriture, un des sommets de la gastronomie japonaise. Si j'étais lyrique, j'ajouterais même que cette forme conique au fumet délicat rappelle celle d'une autre divinité locale : le mont Fuji, ancien volcan et icône du panthéon shinto. Le riz, c’est pour le Japonais ce que la baguette est au Français. Sa présence est indispensable depuis le petit-déjeuner avec soupe et poisson séché jusqu’au dîner. Le mot gohan désigne ainsi aussi bien le riz une fois cuit que le repas dans son ensemble. Le mot hakumai signifie riz blanc, et genmai riz complet. 

Malgré ses problèmes de superficie en terres agricoles et de vieillissement des agriculteurs, le Japon demeure le 9e producteur mondial de riz, production largement subventionnée et hautement qualitative. La variété la plus populaire, et donc la plus produite, est le Koshihikari.
 
Accompagnement idéal
Pour ceux que la perspective d’un riz nu et blanc n’enthousiasme pas des masses, rassurez-vous : il y a mille et une façons de l’accommoder ! Pour manger sur le pouce, rien de tel que les donburimono. Le donburi désigne un bol dans lequel on sert le riz recouvert d’une garniture de son choix – katsu-don (porc pané et œuf), ten-don (tempura), oyako-don (poulet et œuf)… la liste est longue.
Autres spécialités à base de riz
Omu raisu (le « home rice », avec omelette et ketchup), le sekihan (riz gluant et haricot rouge, à la fois offrande aux dieux et riz pour les grandes occasions) etc.
Riz comme matière première
On va bien sûr retrouver le riz dans de nombreuses autres préparations de la pâte mochi jusqu’à l’alcool de riz, le saké.

(English version)
The Japanese have chosen the sun, the goddess Amataresu (represented by a mirror in Shinto temples) as their main deity, and the country wants to be the origin of the sun, which finds its roots there - this is the etymology of the word Nihon (Japan). But if it is indeed the sun found on the flag, a red circle on a white background, which seems to symbolize the nation, it is the rice that is the ferment. Introduced to the archipelago more than 2,000 years ago, its cultivation requires a lot of water, a lot of sunshine and, above all, a lot of work together. Without the participation of neighbours and a rigorous organisation of the arduous tasks of pricking out, transplanting... no harvest! These are the concepts of mutual aid known as yui (between individuals connected by interest) or moyai (between people of the same family). It is said that the sense of group and the taste for working together of the Japanese would largely come from this art of rice cultivation.

And rice is not only, far from it, a historical object or a symbol of the Japanese nation. A simple bowl of rice cooked to perfection, a small steaming dome, an ideal cone, is also in itself, and without any other embellishment, one of the summits of Japanese gastronomy. If I were lyrical, I would even add that this conical shape with its delicate aroma is reminiscent of another local deity: Mount Fuji, an ancient volcano and icon of the Shinto pantheon. Rice is to the Japanese what the baguette is to the French. Its presence is indispensable from breakfast with soup and dried fish to dinner. The word gohan thus designates both the rice once cooked and the meal as a whole. The word hakumai means white rice, and genmai means brown rice.

Despite its problems with the amount of farmland and the ageing of its farmers, Japan remains the world's ninth largest producer of rice, a highly subsidized and high-quality product. The most popular variety, and therefore the most produced, is Koshihikari.
 
Ideal accompaniment
For those who are not enthusiastic about the prospect of naked, white rice, rest assured: there are a thousand and one ways of accommodating it! To eat on the go, there's nothing like donburimono. The donburi is a bowl in which the rice is served covered with a filling of your choice - katsu-don (breaded pork and egg), ten-don (tempura), oyako-don (chicken and egg)... the list goes on.
Other specialities based on rice
Omu raisu (home rice, with omelette and ketchup), sekihan (sticky rice and red beans, both an offering to the gods and rice for special occasions) etc.
Rice as a raw material
Rice will of course be found in many other preparations, from mochi paste to rice alcohol, sake, and so on.

Cet extrait est tiré du livre 101 saveurs du Japon

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Tatamisés, les fous de Japon by François-Xavier ROBERT est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.