lundi 3 novembre 2008

TOKYO SONATA - sortie en salle le 25 mars 2009

Dans mon billet du 02 juin dernier, je vous faisais part de mon enthousiasme après avoir vu TOKYO SONATA, le dernier film de Kiyoshi KUROSAWA. Je suis donc très heureux de vous annoncer sa sortie en salle pour le 25 mars 2009.

Pour patienter, voici deux beaux entretiens du réalisateur et de son acteur principal.
Les deux entretiens ci-dessous, l'un de Kiyoshi KUROSAWA et le deuxième de Teruyuki KAGAWA, sont reproduits avec l'aimable autorisation de ARP sélection.

TOKYO SONATA
Kiyoshi KUROSAWA : Réalisateur / Scénario

Ce film met en scène une famille ordinaire dans le Japon contemporain. Je pars d’une situation où les mensonges, le doute et l’incommunabilité se sont installés dans cette famille. Sans aucun doute, ceci est contemporain et ceci est le Japon. Pourtant, je voudrais montrer une lueur d’espoir à la fin. Puis-je faire cela ? Et si j’y arrive, est-ce que cela sauverait une famille ordinaire ?
Je l’ignore.
Et comme je l’ignore, j’ai eu le désir de faire ce film.

Kiyoshi Kurosawa

ENTRETIEN

Vous vous étiez déjà écarté des films d'horreur, avec "Bright future" par exemple. Mais "Tokyo Sonata" marque un changement bien plus profond dans votre filmographie.

J'espère que le public comprendra que ce film est très différent de tous ceux que j'ai réalisés jusque là. Cela fait dix ans que mes films sont montrés à l'étranger. Durant cette décennie, une nouvelle génération de réalisateurs bien plus jeunes que moi ont été découverts. De nouveaux genres de cinéma, comme la nouvelle vague des films d'horreur japonais, sont apparus, et j'ai essayé de rester en phase avec ce qui se passait. Pourtant, je n'ai jamais pu me défaire du sentiment que ces films ne sont que les conséquences de tout ce que nous n'avons pas réussi à accomplir au vingtième siècle. Je me suis dit qu'il était temps que je réfléchisse à ce que représente le cinéma, en me plaçant dans une perspective différente.
Je me demande vraiment quel genre de génération est celle du vingt et unième siècle. Pourquoi ce sentiment de confusion ? Pourquoi est-ce si loin de la vision du futur que nous avions au vingtième siècle ? Qui est responsable de la façon dont les choses ont évolué ? C'est difficile de trouver une réponse. "Tokyo Sonata" est une façon de me forcer à me poser ces questions, et j'espère que ce film marque pour moi un nouveau départ.

Ce titre "Tokyo Sonata" évoque les films d'Ozu, qui parlent également de la famille. Etait-ce une intention délibérée ?

Le titre en lui-même n'a rien à voir avec Ozu. Il a pour référence une sérié télévisée japonaise qui repasse souvent, et qui met en scène le quotidien d'une famille ordinaire. Dans ce sens, le titre va bien avec le sujet. Mais je suis un immense fan de l'oeuvre d’Ozu. Alors, même si ce n'était pas intentionnel, peut-être qu'inconsciemment certaines scènes du film évoquent son cinéma. Je m'en suis rendu compte au fil du tournage. C'est un honneur pour moi que mon film puisse vous évoquer Ozu, mais cela me fait peur aussi…

Vos films sont généralement très allégoriques, et celui là ne faillit pas à cette règle. Dans quelle mesure peut-on dire que cette famille incarne le Japon ?

Avec ce film, j'ai tenté de dessiner le portrait d'un petit drame qu'on peut trouver dans n'importe quelle famille vivant à Tokyo aujourd'hui, et de le faire sans aucune exagération. Mais ces personnages ne sont pas pour autant coupés du reste du monde. Qu'ils en aient ou non conscience ils sont sans cesse soumis aux forces d'un monde qui les dépasse et les malmène. La famille de mon film est directement reliée au Japon, qui lui-même est directement relié au reste du monde. Vaut-il mieux protéger désespérément ce qui existe dans le pays, ou libérer toutes nos forces vers l'extérieur ? Il y a énormément de Japonais qui font face à ces choix chaque jour, c'est pourquoi le vingt et unième siècle est celui de la confusion. Et je suis un de ces japonais, je ressens cette confusion.

Y-a-t-il réellement de nombreux japonais au chômage qui prétendent aller chaque jour travailler ?
Depuis les années quatre vint dix, on sait que ce sentiment de "travail à vie" auquel les Japonais étaient accoutumés appartient désormais au passé. Comment cela a-t-il évolué ?

Je pense que parmi les nombreux cadres qui partent travailler chaque matin, une grande partie d'entre eux est au chômage. Depuis toujours, les pères japonais préservent leur autorité sur leur famille en faisant de leur vie extérieure un mystère que la famille ne doit jamais percer. Pour garder un secret, les Japonais sont imbattables. Continuer à travailler, en cachant vos réelles capacités, est la clé de voute de ce mythe du "travail à vie". Je pense que le principe de stabilité que ces habitudes protègeaient vit ses derniers moments.

Dans le scénario original écrit par Max Manning, l'histoire était focalisée sur le père et son fils. Dans votre adaptation, vous avez renforcé le rôle de la mère, faisant d'elle l'arc émotionnel du film. Pourquoi lui avoir donné cette place proéminente ?
Je voulais que cette famille soit typiquement japonaise : le père, la mère, les deux enfants. Donc il fallait forcément redessiner la mère. Elle est la seule à ne pas sortir de la maison, elle ne connait aucun des conflits avec le monde extérieur que le reste de sa famille affronte chaque jour. C'est à cause de cela qu'elle devient le meilleur symbole de la famille. Si elle est détruite, sa famille est détruite. Si elle renait, sa famille renait.

Est-ce que les sentiments ambivalents et la perte de confiance que le jeune fils ressent envers l'école et ses professeurs (ces piliers de la culture japonaise) symbolisent la naissance d'une nouvelle génération, plus libre d'exprimer ses états d'âme ?

Dans chaque pays, dans chaque génération, les jeunes se rebellent contre les figures d'autorité qu'incarnent l'école et les professeurs. Kenji est un gamin en passe de devenir un jeune homme. Je voulais montrer comment un seul acte de rébellion va l'isoler complètement de la société dans laquelle il vit. Il se sent seul, pour la première fois de sa vie. Ce sentiment ne disparaît pas quand il rentre chez lui, ni quand il s'enfuit. Finalement, la police l'attrape et le traite comme un criminel. C'est sans doute cela, pour un adolescent, devenir adulte…

Le personnage du fils aîné, qu'on voit peu, est le plus politique du film. Une scène de bus fait penser aux films japonais sur la seconde guerre mondiale, avec le fils patriote qui salue sa mère malheureuse de le voir partir au front. Est-ce de votre part un commentaire sur les rapports que le Japon entretient avec les Etats-Unis ?
Plutôt qu'un commentaire personnel, j'y vois la réalité du Japon d'aujourd'hui. S'il était possible à des jeunes Japonais de s'engager aussi facilement dans l'armée américaine que dans le film, je pense que de nombreux Japonais le feraient. Ce n'est pas tant qu'ils aiment la guerre. Mais c'est une façon d'échapper à cette sensation d'étouffement qu'on ressent au Japon, au point que la guerre devienne une option. Le Japon interdit de s'engager, mais du bout des lèvres. Et les jeunes sentent qu'il va bien falloir que les choses changent au Japon. J'ai peur pour mon pays, je le dis du fond du cœur. Mais comme le père du film, je ne sais pas ce que je pourrais dire à ces jeunes pour les convaincre de ne pas partir faire la guerre.

Votre acteur fétiche, Koji Yakusho, tient le rôle peu banal d'un cambrioleur dépressif. Son personnage apporte un humour imprévisible à une situation a priori très tendue.Comment ce rôle a-t-il évolué, compte-tenu de la personnalité de Yakusho ?

Koji Yakusho incarne toujours une sorte de hors la loi dans mes films. Dans cette famille, personne n'a l'étoffe d'un hors la loi. Mais comme je voulais que cette famille connaisse une réelle destruction, dans la seconde partie du film, j'avais besoin qu'un hors la loi surgisse brusquement du monde extérieur. Et cela va comme un gant à Koji Yakusho, je n'aurais pas pu imaginer quelqu'un d'autre dans ce rôle. J'ai eu l'immense chance qu'il accepte un rôle aussi petit avec autant d'enthousiasme. En plus, il s'agissait d'incarner le hors la loi le plus minable de tous mes films ! Ce cambrioleur est plus timide que le père de famille, ou même que son jeune fils. C'est ce qui le rend aussi drôle parfois…
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FILMOGRAPHIE SELECTIVE

1983 Kandagawa wars

1985 The Excitement of the Do Re Mi Fa girl

1992 The guard from the Underground

1997 Cure1998 License to live (Festival de Berlin)

1999 Charisma (Quinzaine des réalisateurs)

1999 Barren illusions2000 Kaïro2001 Pulse (Un certain regard, Prix de la critique)

2003 Jellyfish (Festival de Cannes, en compétition)

2006 Retribution (Festival de Venise, hors compétition)

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TOKYO SONATA
Teruyuki KAGAWA : acteur

ENTRETIEN

C'est votre deuxième collaboration avec Kurosawa, dix ans plus tard. Sa façon de mettre en scène a-t-elle changé ?

Son style de mise en scène n'a pas changé. Mais il dirige désormais sans avoir besoin de mots. Avant, sa façon de nous diriger était plus concrète, mais cette fois, il a su créer une atmosphère très particulière sur le plateau. Son style est très limpide, mais, plutôt que de parler ou de donner des indications techniques, sa façon d'être suffit à créer un environnement intangible, mais très caractéristique de son cinéma. Quelques soient les acteurs ou les membres de l'équipe, lorsque vous arrivez sur le plateau, vous êtes aussitôt dans un film de Kurosawa.
Il crée un monde qui tourne autour de sa mise en scène. C'est comme s'il y avait d'invisibles rayons infrarouges sur le plateau. Donc, même si vous avez le sentiment d'y évoluer librement, vous êtes en réalité dans les rails qu'il a organisées et installées pour vous. Lors de notre collaboration précédente, il parlait, c'était amusant. Mais c'est la première fois que je découvre la capacité d'un réalisateur à créer sur le plateau un monde qu'on devine et qui nous guide.
Le charisme, la présence de Kurosawa sont incroyables.
J'espère que ce film expliquera à tous pourquoi Kurosawa a tourné des films d'horreur durant dix ans. Même dans ce film, on voit les conséquences du travail qu'il poursuit depuis "Cure". On sent l'horreur qui se cache derrière chaque plan, et quand la caméra panote, on s'attend presque à découvrir une femme détrempée assise dans un coin sombre. Mais, pour la première fois dans ses films, cette femme n'apparaît jamais. Je crois que ses films d'horreur antérieurs étaient une façon de faire exploser les corps, et qu'avec ce film là il nous délivre enfin un coup de point au visage. Et ce fut pour moi une joie miraculeuse que de participer à la délivrance de ce coup de poing.

Vous avez incarné des personnages très peu conventionnels dans plusieurs films. Votre rôle dans "Tokyo Sonata" est sans doute le plus banal que vous ayez jamais joué. Comment ce personnage trouve-t-il sa place dans votre filmographie ?

Comme nous n'avions pas collaboré depuis dix ans, j'avais demandé à Kurosawa quels films je devrais regarder pour me préparer à ce personnage. Il m'a cité "La strada" de Fellini et "Et la vie continue", de Kiarostami, en précisant que ces deux person-nages masculins ressemblaient au mien, à Ryuhei. Ils sont détachés du monde, qu'ils regardent avec une certaine distance. Ryuhei vit à Tokyo, un chinois récupère le travail dont on le prive, il assiste, impuissant, au départ de son fils pour l'Amérique. Il est exactement dans la position qui est celle du Japon aujourd'hui. Le message de Kurosawa est clair : même quand on vit à Tokyo, on est affecté par les mouvements du monde, et c'est important de conserver à tout moment une vision du monde. Ryuhei incarne ce point de vue, et même s'il semble se concentrer sur un point précis, sa vision est plus lointaine, il voit au-delà de son quotidien.

Comment voyez-vous votre personnage ? Vous le trouvez pitoyable ou courageux ?
Il est l'incarnation du Japon. Si vous le trouvez pitoyable, alors le Japon l'est aussi. Sans doute ce pays est-il pitoyable par certains aspects. Dans ce film, Kurosawa montre, d'une façon à la fois cynique et chaleureuse, comment le Japon est vu par le reste du monde. Ryuhei, par exemple, utilise son autorité de père pour mener ses enfants à la baguette, mais à son travail il est quantité négligeable et il ment à celle qui devrait être son égale : sa femme. Le conflit qu'il ressent entre être honnête et être respecté, entre dire la vérité et préserver son image, est un problème typiquement inhérent au Japon, et à travers lui Kurosawa met en scène un personnage qui porte sur les épaules tous les problèmes auxquels le Japon est confronté aujourd'hui. C'est pourquoi je ne veux pas juger mon personnage, car je pense qu'il y a en lui à la fois des côtés pitoyables et des côtés courageux.
Mais ce que j'aime le plus chez lui, c'est qu'il ne meurt pas après avoir été renversé par un camion. Il ne peut pas mourir. Ce qui le fera revivre, c'est la musique. L'art est la seule chose qui puisse nous sauver. La dernière scène est très cinémato-graphique, car il fallait cela pour sauver cette famille. L'art est bien la seule chose qui transcende les frontières et qui soit internationale. Rien d'autre ne sauvera Ryuhei : ni son travail, ni le Japon, ni même l'Amérique. Alors d'où peut venir l'espoir ? Le film répond à cette question avec un message qui explique pourquoi Kurosawa fait des films. Ce récital de piano est un instant crucial, car c'est à ce moment là que Ryuhei renait à la vie, et j'espère qu'on peut dire la même chose du Japon. J'ai joué cette scène en me disant qu'à cet instant précis, Ryuhei incarnait le pays tout entier. Cette scène exprime ce que cela signifie, être un acteur ou un réalisateur au travail dans le Japon d'aujourd'hui, et permet de comprendre ce qui nous pousse à faire des films.

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FILMOGRAPHIE SELECTIVE

2000 Des démons à ma porte (Jiang Wen)

2002 KT (Junji Sakamoto)

2003 Nuan (Huo Jianqi)

2006 The Go Master (Tian Zhuangzhuang)
2007 Sukiyaki Western Django (Takashi Miike)
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samedi 1 novembre 2008

Une biblothèque japonaise idéale (et personnelle)

Voici une sélection très subjective et non exhaustive de livres sur le Japon et de livres écrits par des Japonais.

Les
classiques de la littérature

A pied sur le Tokaidô par Jippensha Ikkû
Le Tokaidô, c'est la principale route qui reliait Kyôtô à Tôkyô pendant l'époque Edo. Dans ce roman picaresque, nous suivons l'itinéraire de 2 compères un brin grivois !

Les haiku (haikai pour les puristes) de Matsuo Bashô
Le célèbre moine errant à léguer de nombreux recueils d'haiku, poèmsz de forme courte où se croisent impressions liées au passage du temps, des saisons et sentiments. Il a aussi écrit des carnets de voyage comme La sente étroite du bout du monde - si ce n'est pas un beau titre ça !



Les notes de chevet de Sei Shônagon
Cette dame de cours a inventé un genre littéraire : celui des listes ! Et la poésie de ses listes trouve encore des résonnances dans le monde d'aujourd'hui. Un classique immarscecible
.

Les grands romans du XIXe siècle

Kokoro - Le pauvre coeur des hommes de Natsume Sôseki
Un des plus beaux romans de Sôseki, mon préféré et sans doute le plus proustien avec Sarinagara - Et puis...dans un genre plus léger et du même auteur, je vous recommande également : Je suis un chat et Botchan.

La Sumida par Nagai Kafû
L'entrée du Japon dans la modernité à l'ère Meiji n'a pas plu à tout le monde et certainement pas à l'auteur de la Sumida.

Les grands écrivains du XXème siècle


Le tatouage et L'éloge de l'ombre de Junichirô Tanizaki
Dans Tanizaki, c'est comme dans le cochon : tout est bon ! Je retiens ici une toute petite nouvelle ciselée ou plutôt précise comme la pointe du tatoueur, Le tatouage, qui en peu de mots nous entraine dans le Tokyo des plaisirs et dans une belle histoire de folie et de créature qui se retourne contre son créateur...J'ai cité également L'éloge de l'ombre, un essai qui permet de préciser les goûts et la recherche esthétique de l'auteur ainsi que de mieux comprendre l'art et l'artisanat japonais, même si l'époque à laquelle Tanizaki fait référence est révolue depuis longtemps.

Pélerinage aux trois montagnes par Yukio Mishima
Ce recueil de nouvelles où s'expriment la fraîcheur et les tourments de l'adolescence est une bonne introduction à Mishima. J'ai un petit faible pour ce que l'on pourrait appeler sa trilogie gay (même si j'en suis bien conscient, il n'aurait pas aimé ça) : Les amours interdites, L'école de la chair et Confessions d'un masque.

Kyôto par Yasunari Kawabata


Les écrivains contemporains


Les livres de Haruki Murakami
Est-ce son amour pour la littérature américaine, ou celui qu'il voue au jazz, ou encore la simplicité de son style et l'intemporalité de ses histoires qui nous rendent Haruki Murakami si proche et font de chacun de ses livres de petits succès internationaux ? Je n'ai pas la réponse à cette question mais je me permets de vous conseiller d'abord et avant tout autre de ses ouvrages : Les chroniques de l'oiseau à ressort. C'est vraiment, selon moi, le meilleur de ses livres : on y retrouve tous les ingrédients du style de l'auteur, le fantastique, le quotidien, sa musique si simple et si touchante mais avec une hauteur de vue et une plongée dans l'histoire qui distinguent vraiment ce roman.
Dans un style plus intimiste, je vous recommande : Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil ainsi que La ballade de l'impossible (Norwegian wood en japonais, d'après la chanson des Beatles). Dans une veine plus fantastique : La course au mouton sauvage et Danse, danse, danse qui en est une sorte de suite mais qu'on peut lire indépendamment.

Les bébés de la consigne automatique de Ryû Murakami
Les Murakami se suivent mais ne se ressemblent pas. Ryû est nettement plus désespéré que Haruki. Ses oeuvres sont ancrées dans une culture urbaine, teintée de solitude et de déshérance. Ce qui n'empêche pas aussi des vrais moments de beauté. Le style est fluide et efficace. Du même auteur : Lignes.

Tokyo décibels de Hitonari Tsuji
Autre star de la littérature japonaise d'aujourd'hui, Hitonari Tsuji a de multiples talents de chanteur, acteur...et bien sûr d'écrivain. Il le prouve avec Tokyo décibels, où son anti-héros tente de dresser une carte sonore de la capitale japonaise...tout en essayant d'y voir plus clair dans sa vie sentimentale.


Les polars

La hache, le koto et le chrysanthème de Seishi Yokomizo
Crimes passionnels, crimes de sang, mis en scène par un esthète...une intrigue purement japonaise.

Tokyo express de Seicho Matsumoto
Un classique du genre, best-seller mérité au Japon.

Ikebukuro West Gate Park par Ira Ishida
Le plus jeune (et le plus amateur, le plus intègre, le plus sympa) enquêteur du Japon nous entraine avec lui dans la découverte des bas-fonds du quartier nord de Tokyo, Ikebukuro...haletant. Ce roman a fait l'objet d'une adaptation télévisuelle.
Deux autres tomes sont sortis en 2009 et 2010 aux éditions Picquier, et toujours aussi bons !

Les mangas "littéraires" (gekiga, drames réalisés sur papier)

L'âme du Kyudô par Hiroshi Hirata
L'un des grands maîtres du manga historique nous livre ici une histoire qu'on ne lache pas avant d'avoir atteint la dernière page. Et pourtant, cela n'était pas gagné d'avance parceque le sujet de départ est une compétition de tir à l'arc au temple Sanjusangendo de Kyôtô. C'est aussi l'histoire héroïque de ceux qui entrèrent dans la compétition et d'un art très japonais.

Tajikarao, l'esprit de mon village par Môri Jimpachi
Une jolie fable écologiste sur un petit village de montagne ancré dans la tradition menacé par des indsutriels mafieux.

Le gourmet solitaire par Jirô Taniguchi
Impossible d'ignorer ou de passer à côté du plus français des mangaka, j'ai nommé maître Taniguchi. On ne recommendera jamais assez son album : Quartier lointain ; mais ici, je vous conseille plutôt les promenades culinaires de son Gourmet solitaire dans Tokyo.

L'homme sans talent de Yoshiharu Tsuge
Le désespour à l'état pur ! Un récit poignant sur un homme pas tout à fait adapté à la société dans laquelle il vit. A découvrir.

Amer béton par Taiyou Matsumoto
L'auteur de Gogo monster livre avec Amer bêton un manga bizarre, mélange de violence et d'absurdité dans un univers urbain et chaotique. Etonnant.


NonNon Bâ par Shigeru MIZUKI
Les excellentes éditions Cornélius, qui ont été primées à Angoulême en 2007 grâce à ce titre, ont eu la bonne idée de nous faire partager cette histoire de vie dans un petit village de campagne, délicatement mâtinée de fantastique. On y croise les yokaï, ces fantômes japonais qui ne sont ni bons, ni mauvais, qui sont ce qu'ils sont. Il faut avoir l'expérience et la sagesse d'une vieille femme pour déjouer leurs tours et vivre en harmonie avec eux et la nature toute entière...

Akira par Katsuhiro Otomo
Néo-Tokyo après le grand cataclysme qui a ravagé la ville...un récit dynamique qu'on se surprend à ne plus pouvoir lâcher.

L'enfer de Yoshihiro Tatsumi
Oui, la vie peut être un enfer. En tout cas, la démonstration en est faite par l'auteur de ces petites chroniques noires comme la suie.

Les écrivains français (ou francophones) et le Japon

Sarinagara par Philippe Forest
Philippe Forest mêle son histoire personnelle, la perte déchirante d'un être chère, à celles de Kobayashi Issa (1763-1827), le dernier des grands maîtres de l'art du haïku, de Natsume Sôseki (1867-1916), l'inventeur du roman japonais moderne, et de Yamata Yosuke (1917-1966), qui fut le premier à photographier les victimes et les ruines de Nagasaki. Un petit bijou !

L'honorable partie de campagne par Thomas Raucat
Tomaro ka ? (On s'arrête ici ?), Thomas Raucat, alias Roger Poidatz, écrivit ce petit roman humoristique au début du siècle dernier à la faveur d'une mission au Japon.

L'oiseau noir dans le soleil levant de Paul Claudel
Claudel, ambassadeur au Japon. A lire notamment pour les pages bouleversantes sur le grand tremblement de terre, suivi du grand incendie, de Tokyo de 1923 : Claudel cherche sa fille dans le paysage d'une ville en flammes...

Les carnets du Japon de Nicolas Bouvier
C'est un vrai régal de se plonger dans Le vide et le plein, dans Chronique japonaise, ou dans d'autres extraits issus des carnets du grand voyageur helvète. La beauté de ses textes n'a rien à envier à la justesse de son regard et à la grande humanité de son approche du voyage au sens noble du terme. Attention livre culte !

Je suis écrivain de François Weyergans
L'auteur fait voyager ses personnages au Japon...Intréssant.

La métaphysique des tubes par Amélie Nothomb
La prime enfance d'Amélie au Japon, le pays des enfants dieux (ça ne s'invente pas !).
Amélie Nothomb est bien plus inspirée pour cette épisode de son histoire personnelle que pour le suivant Stupeur et tremblements, où elle accumule les clichés sans parvenir à être drôle.

Comprendre le Japon
L'empire des signes de Roland Barthes
L'auteur des Mythologies nous livre ses interprétations tout en finesse de menus faits de la culture japonaise. Un "classique" qui fait toujours mouche !

Le Japon des Japonais par Philippe Pons et Pierre-François Souyri Un guide "culturel" ancré dans la vie quotidienne des Japonais qui évite les clichés et donnent des clés de compréhension sur un mode "guide de voyage".

Idées reçues : le Japon par Philippe Pelletier - éditions du Cavalier bleu
Au format "Que sais-je ?", un excellent moyen d'échapper aux clichés véhiculés par nos médias avides d'idées simples.

A Japanese Mirror retitré Behind the Mask: On Sexual Demons- Sacred Mothers- Transvestites- Gangsters- and Other Japanese Cultural Heroes par Ian Buruma
Un livre passionnant - malheureusement pas encore traduit en français - qui à travers l'analyse des "héros" de la culture populaire japonaise nous aide à mieux comprendre nos amis japonais ! Ian Buruma est par ailleurs l'auteur de plusieurs essais qui vise à pourfendre l'Orientalisme (et son pendant l'Occidentalisme), qui continue à faire des ravages par sa vision caricaturale et simplificatrice des cultures orientales.

Le sauvage et l'artifice : les Japonais devant la nature par Augustin Berque
Toute l'ambivalence du rapport des Japonais à la nature, souvent magnifiée et vénérée, souvent massacrée par des projets pharaoniques de développement...décryptée par ce grand géographe.

Le livre du thé de Kakuzô Okakura
"le thé comme art de vivre, art de penser, art d'être au monde" dit la 4ème de couverture de ce merveilleux petit ouvrage écrit il y a déjà plus d'un siècle par un Japonais désireux de faire comprendre sa culture aux occidentaux. Pari réussi !

Tokyo memories par Muriel Jolivet (et ses étudiants)
"Au Japon, le golf est un passe-temps très populaire. Il n'est pas rare qu'un homme retourne brusquement son parapluie sur un qui de métro, pour se mettre à faire du golf. Beaucoup de pères aiments se retrouver le week-end sur un green avec leurs collègues. Ce sport leur fournit sans doute l'occasion de fuir la dure réalité." Ce livre est une collection de petits instantanés comme celui-ci. On y apprend beaucoup de choses simplement en lisant ces petits moments de vie glanés au hasard et en version originale par les étudiants japonais de l'auteur, professeur de sociologie à Tokyo.

Le chrysanthème et le sabre de Ruth Benedict
Cette étude de la socilogue américaine Ruth Benedict a été réalisée à distance aux Etats-Unis à partir d'interviews de Japonais réfugiés (ou prisonniers) et d'archives pendant la seconde guerre mondiale. Elle continue à faire référence et à beaucoup influencer notre regard sur les Japonais.

L'abécédaire du Japon par Takashi Moriyama
Contrairement à l'ouvrage précédent, en voici un écrit "de l'intérieur" par un Japonais, haut fonctionnaire international à la parole libre et au style incisif. Un vrai régal pour connaisseur.

Voyager au Japon

Le Rough guide Japan

Et bien sûr, les guides Osaka et Kyoto, Nara : une expérience japonaise et Tokyo itinéraires de Cécile Parisot et François-Xavier Robert


Beaux-livres : photographies, livres d'art...
Le Dit du Genji de Murasaki Shikibu illustré par la peinture traditionnelle japonais aux éditions Diane de Selliers.
1008-2008 : Un travail impressionnant réalisé pour le millième anniversaire de ce grand classique.

(Les illustrations des couvertures des ouvrages sont reproduites avec l'aimable autorisation des éditeurs : éditions Philippe Picquier ; éditions Gallimard avec ses collections Folio, NRF, Connaissance de l'Orient en partenariat avec l'UNESCO ; éditions Liana Lévi ; éditions Hoëbeke ; éditions Points Seuil ; éditions Albin Michel ; Le cavalier bleu ; éditions Cornélius ; éditions Tonkam ; éditions Naïve ; éditions Delcourt ; Ego comme X ; Le livre de poche ; Antipodes ; éditions Glénat...to be continued)

Creative Commons License
Tatamisés, les fous de Japon by François-Xavier ROBERT est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.

dimanche 26 octobre 2008

Les belles affiches de l'office du tourisme japonais

Bravo à l'office national du tourisme japonais pour sa très belle campagne d'affichage.

Les torii du sanctuaire Itsukushima sur l'île de Miyajima y dialoguent avec le Mont Saint-Michel :


Le magnifique jardin de Kanazawa et ses arbres protégés de la neige par des tentures de cordes s'offre en miroir à notre pyramide du Louvre :


samedi 25 octobre 2008

Tokyo ! le film

3 films courts composent Tokyo !
3 visions personnelles par 3 artistes du cinéma contemporain : Michel Gondry et ses bricolages poétiques ; Léos Carax et ses délires géniaux ; Bong Joon Ho et son ironie mélancolique.


INTERIOR DESIGN. Le 1er petit film, celui de Gondry, montre bien la vie dans un quartier tranquille de la capitale japonaise et ses intérieurs exigus.


MERDE. Le film de Carax est très original, parfois un peu dérangeant. On sent que Carax a pris plaisir à appuyer là où ça fait mal - thèmes du racisme, du rôle du Japon en Chine pendant la 2ème guerre mondiale, de la peine de mort...Il réussit malgré tout à faire quelque chose de "léger" et d'assez drôle, notamment les passages dans la grande rue de Ginza (Chuô dori) et les faux JT japonais.


SHAKING TOKYO. Le 3ème film court de l'excellent Coréen, Bong Joon Ho, dont j'avais adoré les films Memories of murder et The Host, aborde le thème du hikikomori : phénomène de société japonais que l'on pourrait rendre par l'expression "enfermement volontaire". Le réalisateur réussit la prouesse de filmer un Tokyo vide de ses habitants, notamment le grand carrefour de Shibuya ! Prouesse déjà appréciée dans le livre de photos Tokyo nobody de Masataka Nakano et dans le film de Kiyoshi Kurosawa, Kaïro.
Mention spéciale à l'acteur Teruyuki Kagawa qui jouait aussi dans Tokyo sonata - voir plus bas le billet sur ce film.



Le site web en japonais : http://tokyo-movie.jp/

Toutes les illustrations sont reproduites avec l'aimable autorisation de la société de production et de distribution Haut et Court : www.hautetcourt.com/