lundi 26 janvier 2009

Choses que l'on mange

"Le Japon, c'est 2 % de raffinement et 98 % de vulgarité", m'avait prévenu le recruteur qui devait m'envoyer vivre au Pays du soleil levant.
Il n'avait ni entièrement raison, ni tout à fait tort...En général, on retient du Japon quand on n'y est jamais allé soit l'excentricité de certains de ses habitants, soit l'extrême bon goût de sa littérature, de sa peinture, de son cinéma... La réalité se situe entre les deux, dans la chose moyenne. Pour la toucher vaguement du doigt, voici 5 choses que l'on mange là-bas.


Une douceur de printemps, née du mariage de la brioche occidentale et d'une passion orientale pour le changement des saisons. Une petite brioche à la fleur de cerisier.


A le premier thon d'avril, sa chaire rouge vif et la brillance d'aluminium de sa peau. C'est quand même autre chose que les sashimis tout rabougris et mal décongelés servis dans les pseudo restaurants japonais parisiens !


Une crème aux fraises dans un drôle de packaging. C'est pas très bon...


Une omelette norvégienne qui ressemble de manière troublante à Hello Kitty.


Des tiges de verdures parsemées de copeaux de poisson...

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samedi 24 janvier 2009

La photo contemporaine japonaise...et le déguisement

Après la ville, l'eau et le quotidien, je vous propose d'aborder un nouveau regroupement subjectif et thématique : le déguisement.

Yamaguchi Noriko, Keitai Girl n°1, 2004 © Courtesy MEM Gallery, Osaka

Pour commencer, je vous présente Keitai Girl n°1, la Fille Téléphone Mobile n°1 - en français. Elle est très réussie. Et c'est vrai que question téléphone, les Japonais sont à la pointe de l'innovation. On observe le phénomène dans le métro parisien également, mais les Tokyoïtes ont de l'avance et tout le petit peuple nippon est plongé dans son téléphone pendant les longues heures de transport...De là à se transformer soi-même en téléphone, il n'y a qu'un pas !

A requiem Dream of Universe / ALBERT 1 © Yasumasa Morimura

Bravo ! Respect ! Le photographe Yasumasa Morimura réalise une sorte d'autoportrait mais en Einstein. Et il faut avouer que son Albert 1er est troublant de réalisme. On s'attend à le voir tirer la langue d'une seconde à l'autre.

Sawada Tomoko, Decoration, 2007 © Courtesy MEM Gallery, Osaka

Sawada Tomoko, quant à elle, ne choisit pas ses modèles dans les grandes figures de l'Histoire mais plutôt dans son quotidien. Ici, elle campe deux personnages typiques du Panthéon contemporain japonais : la Goth loli ou lolita gothique. Ha, elle fait fantasmer cette lolita-là ! Combien de reportages, combien de photographes amateurs, combien de journalistes ne se sont pas attaqués à ce sulfureux sujet. On retrouve un peu le même phénomène observé avec les geishas qui continuent à fasciner à travers les siècles et à intriguer l'homo occidentalis basicus.

En dehors de ces épiphénomènes au caractère anecdotique, il est vrai que les Japonais ont un sens de la parure très développé. La codification de l'habit traditionnel, le kimono, selon l'âge de la personne, son rang, selon la saison, selon les circonstances (cérémonies...), tout ce petit art des subtiles différences développent certainement une aptitude à manier les détails et à y être sensible...

Komatsubara Midori, Sanctuary arrange, 2004 © The Third Gallery Aya, Osaka

Voici peut-être ma préférée, un travestissement inverse. Deux jeunes écoliers interprétés par deux femmes. On touche aux rivages de Lesbos. Cela me fait penser au théâtre Takarazuka. Né au XXème siècle dans la région d'Osaka, c'est une forme théâtrale entièrement féminine, c'est-à-dire que tous les rôles y sont interprétés par des femmes et que le public fervent qui assiste aux représentations est presque exclusivement féminin. C'est une réponse au théâtre Kabuki où ce sont les hommes qui s'y collent ! Dans un pays où l'homosexualité reste encore largement tabou (un chiffre : Tokyo 17 millions d'habitants, gay pride 30 000 personnes. A Paris 3 millions d'habitants, gay pride 1 million de personnes qui dansent dans la rue !), dans ce pays-là, disais-je, il est appréciable de trouver un peu de trouble dans les genres...


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dimanche 18 janvier 2009

2008-2009, une foultitude d'expositions sur le Japon

Il n'aura pas échappé à tout bon nippophile que 2008 était l'année commémorative de 150 ans d'amitié franco-japonaise, ou, sans rentrer dans les sentiments, 150 ans de relations diplomatiques et d'échanges entre le Japon et la France.
Je ne compte plus le nombre d'expos, spectacles, conférences de différentes envergures et touchant toutes les thématiques, ayant découlé de cette commémoration bien vivante.
Je vous propose juste 3 événements assez "originaux" :

© Keiichi Kawamura/ KOTOHIRA-GU

Une des plus intéressantes expos - à mon goût - fut celle du musée Guimet sur le temple Kompira-san (nom de la colline) ou Kotohira-gu (nom du sanctuaire shinto) de l'île de Shikoku, où l'on pouvait admirer les toiles peintes sur le papier des portes coulissantes, shôji, du temple réputé dans une reconstitution qui vous donnait l'impression d'être dans le bâtiment d'origine. On peut toujours bénéficier d'une "visite virtuelle" de cette expo. Et le site japonais est également superbement réalisé (mais très lourd côté navigation, il est riche d'images, comptez bien 15 min. avant d'y accéder !).

© POF, René Sieffert

Jusqu'au 15 février, au Musée français de la carte à jouer, une expo surprenante sur les cartes à jouer au Pays du soleil levant. Ca peut paraître anecdotique - et ça l'est - mais on touche à un aspect ignoré de la culture japonaise à travers la tradition des "jeux d'assemblage" comme le jeu des cent poètes qui vise à aider à mémoriser de célèbres haikus, ou, à travers le monde du jeu (jeu d'argent, jeu de société)...Bref, un angle d'approche original !

© Japan Brand

Enfin, une exposition éphémère puisqu'elle ne sera ouverte au public que le samedi 24 janvier de 10h à 17h au centre Mistukoshi-étoile : JAPAN BRAND, les traditions du Japon pour le monde de demain. Il y sera montré des produits artisanaux représentatifs du projet Japan Brand qui vise à faire vivre les techniques et traditions séculaires dans le design contemporain.

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samedi 17 janvier 2009

OKAYAMA : entre château et jardin

Okayama souffre de sa proximité (relative) avec de plus attrayants sites touristiques comme Kurashiki et ses canaux un peu toc, ou, Himeji et son célèbre château. C'est pourtant une petite ville qui ne manque pas de charme. Elle accueille un des plus beau jardins du Japon, une des 6 merveilles du jardin japonais (avec celui de Kanazawa et de Mito notamment).


Et sis tout à côté du jardin, un mignon château, de style château fort japonais - on le voit poindre sur cette photo, bien au centre.


Un pavillon de thé sur une petit île. C'est pas croquignol ?


Et de tendres buissons taillés en boule.


Pourquoi faire une ligne droite alors qu'un petit pont tarabiscoté est beaucoup plus joli. Et il laisse le temps d'admirer le rigolon d'eau.


Et là, ça fait très forêt tropicale. On est toujours dans le même jardin.


Il y a une grande pelouse dans ce jardin. C'est très caractéristique. L'hiver japonais est très sec. La photo a été prise au tout début du printemps. C'est pourquoi la pelouse est toute grillée, créant une belle harmonie avec le toit de chaume.


Le petit pont de pierre, la la la la...


Moi, la carpe courageuse, je nage à contre-courant.


Nous quittons le jardin pour traverser la rivière...


...et voir enfin le château de près !

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mercredi 14 janvier 2009

La photo contemporaine japonaise...et la ville

La dernière fois, l'année dernière, nous avons découvert ensemble les photographies d'artistes japonais inspirés par l'eau.
Tournons-nous vers ceux qui ont pris pour sujet : la ville. Qui a déjà traversé l'immense mégalopole, qui s'étire quasiment en jet continu de Tokyo à Hiroshima sur la face sud-ouest du Japon, comprendra aisément que la ville est forcément à la fois un thème d'inspiration ou un élément omniprésent du quotidien pour un photographe japonais.

Oshima Naruki, Reflections, 2006 © Courtesy Gallery White Room, Tokyo

Premier exemple, très représentatif de la ville japonaise et avec un beau reflet. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais alors là, c'est le genre de grande vitre trop propre que je me prends facilement en plein nez, mon attention étant attirée par de moins froides surfaces !

Shibata Toshio, Carson City, Nevada, 1983 © Toshio Shibata, Courtesy of Gallery Luisotti

Ici, on pourrait être au Japon. Je n'ai jamais vu autant de grande roue qu'au Japon. Il y en a partout. Sur les toits de certains grands magasins, dans les centres villes, près du Mont Fuji, près de la mer à Yokohama...Le photographe est japonais mais avec cette photo, nous sommes au Nevada.

Ishizuka Gentaro, Inner Passage 01, 2008 Courtesy Gallery White Room, Tokyo

On est de retour au Japon avec cette vision urbaine caractéristique d'une rivière, ou de ce qu'il en reste. Le photographe, Ishizuka Gentaro, a poétiquement nommé ce paysage : Inner Passage 01. Tokyo fut, il y a longtemps, une cité lacustre, une sorte de Venise orientale. Je vous mets au défit de trouver une rivière non saccagée aujourd'hui...Mais bon, ça fait partie de son indéfinissable charme.

Matsue Taiji, Chi 0254, 2002 © Taiji Matsue 2007 courtesy of TARO NASU

Je ne sais pas où cette photo fut prise, peut-être Shinjuku sortie Ouest, peut-être New York, ni l'une, ni l'autre...

Fukui Nobuhiro, Multiples - 02, 2007, pigment print mounted on plexiglass, 48.0 x 72.0 Courtesy of Tomio Koyama gallery

Là, oui, c'est vraiment Tokyo. Tout est là : la lueur gris-vert, les citernes et les clim sur les toits des immeubles, les fils à haute tension qui zèbrent le ciel, les immeubles biscornus...C'est totalement Tokyo !

Seike Tomio, Café des Deux Magots, 1993 © Courtesy Hamiltons Gallery, London

Pour finir, c'est Paris et ses terrasses de café. Mais saviez-vous qu'il y a un café des deux Magots à Tokyo également, installé dans le centre d'art (et de shopping) Bunkamura dans le quartier de Shibuya.

A bientôt pour une prochaine expérience photographique couleur Japon.

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samedi 20 décembre 2008

Nobody knows de Kore-Eda Hirokazu, festival de Cannes 2004


NOBODY KNOWS
Kore-eda HIROKAZU : Montage / Producteur / Réalisateur / Scénario

Sur la production

Le tournage du film a commencé en automne 2002 et s'est poursuivi jusqu'en été 2003, au fil des quatre saisons. Kore-eda a monté le film au fur et à mesure, ce qui lui a permis de travailler la construction de chaque partie en fonction de ce qu'il venait de monter.

Il a tout fait pour instaurer avec les jeunes acteurs amateurs une atmosphère de confiance et de communication et c'est en adaptant ses techniques de mise en scène qu'il a pu les filmer avec justesse. Le tournage s'est déroulé dans un ordre chronologique. Les enfants se sont donc développés physiquement et psychologiquement dans la vie réelle comme les personnages qu'ils incarnent dans le film.

Dans ses films de fiction précédents, Kore-eda avait déjà utilisé des techniques propres au documentaire. Dans NOBODY KNOWS, il va au bout de sa démarche et parvient à brouiller les limites entre fiction et documentaire comme jamais il ne l'avait fait.


Kore-eda retrace l'évolution des sentiments de ces jeunes personnages à travers des détails de leur vie quotidienne dans un petit appartement à Tokyo : du vernis à ongles, un piano miniature, des sandales qui font du bruit, un bol de nouilles instantanées, une boîte de chocolats...

Son but n'est pas seule
ment de dépeindre l'univers de ces enfants abandonnés mais de montrer la douceur et la beauté de l'enfance.

Pour incarner le rôle de la mère insouciante, Kore-eda a choisi YOU, une vedette de la télévision dont c'est la première apparition au cinéma. Le célèbre duo Gontiti a composé pour le film une musique douce à base de guitare et d'ukulélé pour mettre en valeur l'univers des enfants. La chanteuse Tate Takako qui joue le rôle de la caissière à la supérette est l'interprète de la chanson finale "Jewel".


L'histoire

Automne
Keiko et ses quatre enfants - Akira, Kyoko, Shigeru et Yuki - viennent d'emménager dans un petit appartement à Tokyo. Keiko donne ses consignes : interdiction de crier et de sortir, même sur le balcon. La famille serait renvoyée si le propriétaire apprenait que Keiko élevait seule ses quatre enfants. Les enfants sont tous de pères différents et n'ont jamais été à l'école. Akira qui a douze ans s'occupe de ses frères et soeurs car sa mère s'absente souvent pour aller travailler. C'est une famille chaleureuse et unie qui profite pleinement de chaque instant de la vie.Un jour, Keiko disparaît en laissant un peu d'argent et un mot à l'attention d'Akira disant "Ta maman doit partir pour quelques temps. Occupe-toi de Kyoko, Shigeru et Yuki." Ainsi commence une nouvelle vie pour ces quatre enfants livrés à eux-mêmes, une vie cachée de tous.

Hiver
Un mois s'est écoulé depuis le départ de Keiko. Les quatre enfants parviennent encore à se débrouiller et respectent les règles de la maison. Un jour, Keiko revient sans prévenir avec des cadeaux. Mais elle ne reste pas longtemps. Elle prend ses affaires d'hiver et repart en promettant de revenir pour Noël. Ce qu'elle ne fait pas. Comme elle n'est toujours pas revenue pour le Jour de l'An, Akira appelle un numéro de téléphone qu'il a trouvé et il entend sa mère répondre sous le nom de Mme Yamamoto. Bouleversé, il raccroche. Il réalise que sa mère les a abandonnés. Mais il ne veut pas que son frère et ses sœurs l'apprennent.



Printemps
Keiko n'envoie plus d'argent et les enfants n'arrivent plus à régler les factures. Akira décide de mieux s'occuper de ses frères et sœurs car il réalise l'importance de rester unis. Les quatre enfants sortent de l'appartement tous ensemble pour la première fois. Ils n'ont pas respiré l'air libre depuis si longtemps qu'ils sont fous de joie. Ils vont s'acheter tout ce qui leur fait plaisir dans un supermarché et vont jouer au parc.


Eté

Désormais, les enfants sortent au parc tous les jours. L'eau et l'électricité ont été coupées. Ils vont donc s'approvisionner en eau et faire leur lessive au parc. Ils y voient souvent une jeune fille en uniforme de collège. Elle s'appelle Saki et ne va plus à l'école. Méfiante au départ, elle se lie d'amitié avec Akira. Par ailleurs, Akira montre les premiers signes de découragement.



“Nobody knows”
par Kore-eda Hirokazu


Les faits réels

Ce film s'inspire d'un fait divers connu sous le nom de "l'affaire des quatre enfants abandonnés de Nishi-Sugamo". Cette affaire s'est passée il y a 16 ans, en 1988. Nés de pères différents, ces enfants n'étaient pas scolarisés et n'existaient pas légalement car leur naissance n'avait pas été déclarée. Abandonnés par leur mère, ils ont vécu livrés à eux-mêmes pendant six mois. La mort de la benjamine a mis fin de façon tragique à cette aventure. Curieusement, aucun habitant de l'immeuble ne connaissait l'existence de trois de ces enfants.Ce fait divers a suscité en moi diverses questions. La vie de ces enfants ne pouvait pas être que négative. Il devait y avoir une richesse autre que matérielle, basée sur des moments de complicité, de joies, de tristesses et d'espoirs. Je ne voulais donc pas montrer "l'enfer" vu de l'extérieur, mais "la richesse" de leur vie, vue de l'intérieur.


Une période de 15 ans

J'ai eu du mal à concrétiser ce projet et finalement, quinze années se sont écoulées après la première mouture du scénario. Cette affaire était-elle toujours d'actualité quinze ans plus tard ? Avant d'en faire un film, je devais me poser la question. D'après les statistiques du Ministère de l'Education Nationale, le nombre d'enfants entre 7 et 14 ans au domicile inconnu est passé de 533 en 1987 à 302 en 2000 mais ces chiffres ne concernent que les enfants dont la naissance a été déclarée.

Et si l'on tient compte du fait que la natalité a baissé, on peut supposer qu'il y a aujourd'hui plus d'enfants qui vivent clandestinement comme c'est le cas d'Akira et ses frères et sœurs.Cette affaire n'est donc pas un cas isolé propre à Tokyo,

mais un problème de société qui nous concerne. Le protagoniste du film ne représente pas le jeune garçon de ce fait divers de 1988, mais un enfant comme il en existe des milliers aujourd'hui parmi nous, sans qu'on le sache.


Un deuxième metteur en scène

YOU est quelqu'un qui vit dans le présent. J'ai compris qu'elle m'apporterait l'insouciance positive que je recherchais. Elle est arrivée sur le tournage sans préparation, et n'avait pas lu le scénario que je lui avais remis. On peut interpréter cela à la fois comme de la désinvolture et de la confiance en soi. Sur le tournage, sa force de concentration et sa vivacité d'esprit m'ont souvent impressionné. Elle était d'une grande spontanéité, et en même temps, savait recadrer les enfants dans l'histoire du film quand ils s'en écartaient. Je l'ai donc impliquée dans la direction d'acteurs en lui donnant des instructions comme "il faut que tu fasses rire Akira". On peut vraiment dire qu'elle a été comme un deuxième metteur en scène sur le tournage.


Le choix de l'appartement

70% du film se passe dans cet appartement. Afin de pouvoir montrer l'intérieur de façon différente, je pensais qu'il valait mieux qu'il y ait un balcon. Il ne fallait pas d'ascenseur, pour qu'on puisse voir le protagoniste monter et descendre les escaliers au début et à la fin du film.L'appartement sélectionné remplit toutes ces conditions. En plus, il se trouve au premier étage, au fond d'un couloir sombre. Il est donc isolé par rapport aux autres logements, ce qui est idéal pour cette femme qui veut vivre cachée avec ses enfants. La fenêtre dans l'escalier a aussi retenu mon attention. Je m'en suis servi pour donner une touche de suspens à la vie quotidienne des enfants.Cet appartement comprend deux pièces : la chambre de la mère avec des tatamis en face du balcon, la cuisine et le salon en face du couloir. La superficie totale est de 41,3 m2. C'est dans cet univers que tout se passe.

Bande-annonce du film


Les chocolats Apollo

Nous avons tourné avec un scénario volontairement détaillé, auquel les enfants ont spontanément apporté de nombreuses modifications. Celles-ci étaient notamment liées au fait que Yuuya qui joue le rôle d'Akira a beaucoup grandi au cours du tournage, mais pas seulement. Par exemple, j'avais imaginé que la petite Yuki aimait les Pocky à la fraise, mais elle m'a dit qu'elle préférait les chocolats Apollo. KIMURA Hiei qui joue Shigeru mangeait peu sur le tournage parce qu'il est assez difficile. On avait imaginé qu'il aimait les nouilles instantanées et le hasard a fait qu'il adorait ça. Dans la scène où on le voit finir sa soupe avec du riz, je l'ai laissé improviser. Pendant le casting, une petite fille était venue avec des sandales qui faisaient du bruit. Ce détail m'a plu. Quand Yuki sort pour aller chercher sa mère, elle porte des sandales comme celles-ci.


Les mandarines

Quand j'étais petit, je faisais pousser des fleurs, des fruits et légumes, dont un mandarinier qui est toujours sur le balcon de ma mère. Ce film a donc été nourri non seulement par les enfants avec qui j'ai travaillé mais aussi par ma propre enfance, à travers des détails et des sentiments que j'ai ressentis à l'époque (anxiété en attendant le retour de ma mère, tristesse de perdre un ami...). J'ai une grande différence d'âge avec le protagoniste, mais je suis né à Tokyo et j'y ai toujours vécu. Je pense que c'est le lieu que je peux le mieux dépeindre. Je connais l'univers de ces enfants et j'ai ép
rouvé des sentiments proches de ce qu'ils ont pu vivre. C'est dans cet esprit que j'ai mis une part de moi dans le film.


Kore-eda Hirokazu
NOBODY KNOWS est le quatrième long métrage de fiction de Kore-eda Hirokazu.

Son premier long métrage de fiction, MABOROSI, a remporté l'Osella d'Or au festival international de Venise en 1995. Son deuxième long métrage, AFTER LIFE, 1999, a remporté un grand su
ccès international, et fait actuellement l'objet d'un remake produit par la 20th Century Fox. Son troisième film, DISTANCE, a été présenté en compétition officielle au festival international de Cannes en 2001.

Né à Tokyo en 1962, Kore
-eda est diplômé de littérature de l'Université de Waseda en 1987. Il rejoint alors l'équipe de TV Man Union, grande société indépendante de production télévisuelle où il a réalisé de nombreux documentaires primés. On peut notamment citer SHIKASHI, documentaire sur le suicide d'un haut fonctionnaire du ministère de l'environnement chargé du dossier des victimes de la maladie de Minamata, et ANOTHER EDUCATION, documentaire sur une classe unique à la campagne dont la pédagogie est basée sur l'élevage d'un veau. Kore-eda a également réalisé AUGUST WITHOUT HIM, un documentaire sur le premier Japonais à avoir annoncé publiquement qu'il avait le Sida, et WITHOUT MEMORY, le portrait d'un homme ayant des troubles de mémoire et de sa famille.


Il a également produit les longs métrages de deux jeunes réalisateurs japonais : KAKUTO de Iseya Yusuke présenté au festival de Rotterdam 2003 et WILD BERRIES écrit et réalisé par Nishikawa Miwa qui a été présenté dans le cadre du festival New Directors/New Films à New York en 2003.

Les images et les textes de ce billet sont reproduits avec l'aimable autorisation de ARP SELECTION.

mercredi 26 novembre 2008

Soirée Japon du 25 novembre en images - librairie Le Divan

Merci à tous nos invités, venus partager dans une très belle librairie un peu de notre passion pour le Japon.


Un grand merci également à Lydia Gautier, auteur de plusieurs ouvrages sur le thé chez Aubanel, Kaori Endo, auteur de "Une japonaise à Paris", à Alexis Bernier, directeur de la publication du magazine TSUGI, de nous avoir accompagné pour cette soirée japonaise.


Et bien sûr, un immense MERCI à l'équipe du Divan, Charline, Elise, Jacques et Philippe pour leur accueil chaleureux, leur bonne humeur et leur professionalisme.


Kampai ! Le saké et la bière (Asahi ? Kirin ? Sapporo ?) coulent à flot.


A la prochaine ...

dimanche 23 novembre 2008

vendredi 21 novembre 2008

La photo japonaise contemporaine...et l'eau

Après le thème du "quotidien", continuons notre incursion dans la photographie contemporaine au Japon.
Je vous propose un regroupement thématique qui vaut ce qu'il vaut autour du thème de l'eau.
Le Japon est une île et, même si beaucoup de Japonais n'aiment pas spécialement la baignade, ils peuvent difficilement ignorer la grande bleu.

Tsuda Nao, Ship Shadow of Omi (IV), 2008 © Courtesy Hiromi Yoshii, Tokyo

Ici on a l'eau comme un miroir. Un espace translucide et verdâtre.

Ninagawa Mika, Liquid Dreams, 2003 © Courtesy of Tomio Koyama gallery

Une image très japonaise et très pop. Des couleurs saturées, de petits poissons rouge et une composition presque abstraite. La jeune photographe est très populaire, elle a fait connaître ses œuvres dans des livres qui se sont largement vendus.

Narahashi Asako, Momochi, from the series Half awake and half asleep in the water, 2003 © Courtesy Rose Gallery, Santa Monica

J'aime énormément ce travail où la ville semble surgir de l'eau.

Narahashi Asako, Kawaguchiko, from the series half awake and half asleep in the water, 2003 © Asako Narahashi, courtesy Galerie Priska Pasquer, Köln

Et celui-ci aussi, vraiment extraordinaire. On y retrouve un je-ne-sais-quoi proche des trente six vues du Mont Fuji d'Hokusai. Mais en plus lumineux.

Kajii Syoin, Untitled from the series of NAMI, 2006 Lambda print © Courtesy of the artist and FOIL GALLERY, Tokyo

Là, je ne sais pas si c'est une vraie vague, ou bien, une tempête dans un verre d'eau. La gerbe d'écume est en tout cas spectaculaire.

Asada Nobuo, A place where the sea is, 1997 © The Third Gallery Aya, Osaka

Et pour finir, un vrai morceau de mer.