samedi 7 février 2009

La photo contemporaine japonaise...et l'abstraction paysagère

Après le déguisement, la ville, l'eau et le quotidien, voici une nouvelle proposition pour découvrir la photo contemporaine japonaise : l'abstraction paysagère.

Aruki Maiko, either portrait or landscape 1A, 2007 Maiko Haruki 2007 courtesy of TARO NASU

On pourrait l'intituler "Ligne blanche sur un fond bleu nuit"...C'est tout simplement un passage piéton surélevé comme il y en tant à Tokyo, ou, encore plus simplement, des passants sur un pont.

Suzuki Takashi, Altus 020, 2005 © The Third Gallery Aya, Osaka

On croirait deux battants d'un paravent japonais. Comme quoi le sol ciré resplendissant d'une galerie commerciale ou d'un aéroport peut recéler un peu de poésie.

Miyamoto Ryuji, Preah Khan, 1991 © Ryuji Miyamoto 1991 courtesy of TARO NASU

Il y a comme un trou dans le plafond !

Ikeda Akiko, Their site your site, 2005 The Third Gallery Aya, Osaka

J'aime bien cette image pour son côté surréaliste sans artifice et très net.

Tawada Yuki, White Night, 2008 © Yuki Tawada 2008 courtesy of TARO NASU

La photographe gratte et peint ses clichés, ce qui donne cet aspect cotonneux et flottant.

Shirota Keisuke, A Sense of Distance #33, 2008 © the artist, courtesy Base Gallery, Tokyo


Onodera Yuki , 12 Speed, 2008 BW-10 gelatin-silver print 121 x 170 cm © Courtesy Zeit Foto Salon, Tokyo

Ok, on n'est plus vraiment dans l'abstraction, ni dans le paysage, mais dans la nature morte revisitée par Onodera Yuki avec un sens évident de la mise en scène, du kitsch et de la dérision.
Orisaku Mineko, Série Dimension, 1993-2007 Tirage numérique 90 x 70 cm © Courtesy Baudoin Lebon, Paris

Celle-ci, c'est ma préférée. Et c'est une image très japonaise. On retrouve un peu de l'art ancien du tissage et de la pureté d'un design tout actuel.

Koyama Taisuke, Untitled (O), 2007 - 1200 x 1800 mm © Taisuke Koyama, Courtesy G/P Gallery, Tokyo

Là aussi, un grand classique revisité, le 0, le cercle, la forme parfaite, le vide, le plein, l'infini...ensô.

Yoneda Tomoko, Tanizaki´s Glasses - Viewing a Letter to Matsuko, 1999 © Courtesy Shugoarts, Tokyo

Magnifique : un verre des lunettes du grand Tanizaki grossissant une lettre...très réussi et très touchant.

Tsuda Nao, Passage of the Moon (III), 2008 © Courtesy Hiromi Yoshii, Tokyo

On aurait pu l'intituler "Point blanc dans une nuit d'encre", mais c'est la lune qui se reflète dans un lac près de Tokyo.

Terada Mayumi, skylight and stairs 051301, 2005 the artist, courtesy Base Gallery, Tokyo

La lumière et le noir et blanc...on n'a pas fait mieux.
Terada Mayumi, Kitchensink 040901b, 2004 © Courtesy Robert Miller, New York

Qui a déjà vu une plus belle photo d'évier ? Je vous la rembourse si vous en trouver une plus belle !

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lundi 2 février 2009

Bitchû Takahashi et Bitchû Matsuyama jô

Vous vous rappelez peut-être du "pays de la Bitchû", Bitchû no kuni (et oui, certains lieux historiques sont moins gâtés que d'autres côté patronyme !), dans la province d'Okayama.

Dans la vallée creusée par la rivière Bitchû, circule une petite ligne de chemin de fer qui vous permet de rejoindre le village de Takahashi. Dont voici le plan :


Agrandir le plan

Dans la "vieille ville" de ce village de Takahashi se trouve de jolis temples zen dont celui-ci très intéressant dont nous avons déjà parlé précédemment. Voici en rappel : 2 photos pour le plaisir.

Dehors et...


...dedans.


Qui dit vallée, dit colline. Un peu plus loin, commence donc notre ascension à travers les arbres. Si vous vous reportez au plan ci-dessus, c'est vers le Nord en partant de la gare.


Ah, le joli point de vue.

Ca descend.


Mais ça monte raide aussi ! A plus de 430 mètres au-dessus du niveau de la mer. Et on partait de zéro.


Pour arriver à ce vertigineux mur d'enceinte du château fort le plus haut perché du Japon.


C'est le château de Bitchû Matsuyama, dont voici l'historique complet - in english.


Une photo avec 2 bonshommes au premier plan.


Et de plus près, pour clore notre visite et notre ascension.

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lundi 26 janvier 2009

Choses que l'on mange

"Le Japon, c'est 2 % de raffinement et 98 % de vulgarité", m'avait prévenu le recruteur qui devait m'envoyer vivre au Pays du soleil levant.
Il n'avait ni entièrement raison, ni tout à fait tort...En général, on retient du Japon quand on n'y est jamais allé soit l'excentricité de certains de ses habitants, soit l'extrême bon goût de sa littérature, de sa peinture, de son cinéma... La réalité se situe entre les deux, dans la chose moyenne. Pour la toucher vaguement du doigt, voici 5 choses que l'on mange là-bas.


Une douceur de printemps, née du mariage de la brioche occidentale et d'une passion orientale pour le changement des saisons. Une petite brioche à la fleur de cerisier.


A le premier thon d'avril, sa chaire rouge vif et la brillance d'aluminium de sa peau. C'est quand même autre chose que les sashimis tout rabougris et mal décongelés servis dans les pseudo restaurants japonais parisiens !


Une crème aux fraises dans un drôle de packaging. C'est pas très bon...


Une omelette norvégienne qui ressemble de manière troublante à Hello Kitty.


Des tiges de verdures parsemées de copeaux de poisson...

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samedi 24 janvier 2009

La photo contemporaine japonaise...et le déguisement

Après la ville, l'eau et le quotidien, je vous propose d'aborder un nouveau regroupement subjectif et thématique : le déguisement.

Yamaguchi Noriko, Keitai Girl n°1, 2004 © Courtesy MEM Gallery, Osaka

Pour commencer, je vous présente Keitai Girl n°1, la Fille Téléphone Mobile n°1 - en français. Elle est très réussie. Et c'est vrai que question téléphone, les Japonais sont à la pointe de l'innovation. On observe le phénomène dans le métro parisien également, mais les Tokyoïtes ont de l'avance et tout le petit peuple nippon est plongé dans son téléphone pendant les longues heures de transport...De là à se transformer soi-même en téléphone, il n'y a qu'un pas !

A requiem Dream of Universe / ALBERT 1 © Yasumasa Morimura

Bravo ! Respect ! Le photographe Yasumasa Morimura réalise une sorte d'autoportrait mais en Einstein. Et il faut avouer que son Albert 1er est troublant de réalisme. On s'attend à le voir tirer la langue d'une seconde à l'autre.

Sawada Tomoko, Decoration, 2007 © Courtesy MEM Gallery, Osaka

Sawada Tomoko, quant à elle, ne choisit pas ses modèles dans les grandes figures de l'Histoire mais plutôt dans son quotidien. Ici, elle campe deux personnages typiques du Panthéon contemporain japonais : la Goth loli ou lolita gothique. Ha, elle fait fantasmer cette lolita-là ! Combien de reportages, combien de photographes amateurs, combien de journalistes ne se sont pas attaqués à ce sulfureux sujet. On retrouve un peu le même phénomène observé avec les geishas qui continuent à fasciner à travers les siècles et à intriguer l'homo occidentalis basicus.

En dehors de ces épiphénomènes au caractère anecdotique, il est vrai que les Japonais ont un sens de la parure très développé. La codification de l'habit traditionnel, le kimono, selon l'âge de la personne, son rang, selon la saison, selon les circonstances (cérémonies...), tout ce petit art des subtiles différences développent certainement une aptitude à manier les détails et à y être sensible...

Komatsubara Midori, Sanctuary arrange, 2004 © The Third Gallery Aya, Osaka

Voici peut-être ma préférée, un travestissement inverse. Deux jeunes écoliers interprétés par deux femmes. On touche aux rivages de Lesbos. Cela me fait penser au théâtre Takarazuka. Né au XXème siècle dans la région d'Osaka, c'est une forme théâtrale entièrement féminine, c'est-à-dire que tous les rôles y sont interprétés par des femmes et que le public fervent qui assiste aux représentations est presque exclusivement féminin. C'est une réponse au théâtre Kabuki où ce sont les hommes qui s'y collent ! Dans un pays où l'homosexualité reste encore largement tabou (un chiffre : Tokyo 17 millions d'habitants, gay pride 30 000 personnes. A Paris 3 millions d'habitants, gay pride 1 million de personnes qui dansent dans la rue !), dans ce pays-là, disais-je, il est appréciable de trouver un peu de trouble dans les genres...


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dimanche 18 janvier 2009

2008-2009, une foultitude d'expositions sur le Japon

Il n'aura pas échappé à tout bon nippophile que 2008 était l'année commémorative de 150 ans d'amitié franco-japonaise, ou, sans rentrer dans les sentiments, 150 ans de relations diplomatiques et d'échanges entre le Japon et la France.
Je ne compte plus le nombre d'expos, spectacles, conférences de différentes envergures et touchant toutes les thématiques, ayant découlé de cette commémoration bien vivante.
Je vous propose juste 3 événements assez "originaux" :

© Keiichi Kawamura/ KOTOHIRA-GU

Une des plus intéressantes expos - à mon goût - fut celle du musée Guimet sur le temple Kompira-san (nom de la colline) ou Kotohira-gu (nom du sanctuaire shinto) de l'île de Shikoku, où l'on pouvait admirer les toiles peintes sur le papier des portes coulissantes, shôji, du temple réputé dans une reconstitution qui vous donnait l'impression d'être dans le bâtiment d'origine. On peut toujours bénéficier d'une "visite virtuelle" de cette expo. Et le site japonais est également superbement réalisé (mais très lourd côté navigation, il est riche d'images, comptez bien 15 min. avant d'y accéder !).

© POF, René Sieffert

Jusqu'au 15 février, au Musée français de la carte à jouer, une expo surprenante sur les cartes à jouer au Pays du soleil levant. Ca peut paraître anecdotique - et ça l'est - mais on touche à un aspect ignoré de la culture japonaise à travers la tradition des "jeux d'assemblage" comme le jeu des cent poètes qui vise à aider à mémoriser de célèbres haikus, ou, à travers le monde du jeu (jeu d'argent, jeu de société)...Bref, un angle d'approche original !

© Japan Brand

Enfin, une exposition éphémère puisqu'elle ne sera ouverte au public que le samedi 24 janvier de 10h à 17h au centre Mistukoshi-étoile : JAPAN BRAND, les traditions du Japon pour le monde de demain. Il y sera montré des produits artisanaux représentatifs du projet Japan Brand qui vise à faire vivre les techniques et traditions séculaires dans le design contemporain.

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samedi 17 janvier 2009

OKAYAMA : entre château et jardin

Okayama souffre de sa proximité (relative) avec de plus attrayants sites touristiques comme Kurashiki et ses canaux un peu toc, ou, Himeji et son célèbre château. C'est pourtant une petite ville qui ne manque pas de charme. Elle accueille un des plus beau jardins du Japon, une des 6 merveilles du jardin japonais (avec celui de Kanazawa et de Mito notamment).


Et sis tout à côté du jardin, un mignon château, de style château fort japonais - on le voit poindre sur cette photo, bien au centre.


Un pavillon de thé sur une petit île. C'est pas croquignol ?


Et de tendres buissons taillés en boule.


Pourquoi faire une ligne droite alors qu'un petit pont tarabiscoté est beaucoup plus joli. Et il laisse le temps d'admirer le rigolon d'eau.


Et là, ça fait très forêt tropicale. On est toujours dans le même jardin.


Il y a une grande pelouse dans ce jardin. C'est très caractéristique. L'hiver japonais est très sec. La photo a été prise au tout début du printemps. C'est pourquoi la pelouse est toute grillée, créant une belle harmonie avec le toit de chaume.


Le petit pont de pierre, la la la la...


Moi, la carpe courageuse, je nage à contre-courant.


Nous quittons le jardin pour traverser la rivière...


...et voir enfin le château de près !

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mercredi 14 janvier 2009

La photo contemporaine japonaise...et la ville

La dernière fois, l'année dernière, nous avons découvert ensemble les photographies d'artistes japonais inspirés par l'eau.
Tournons-nous vers ceux qui ont pris pour sujet : la ville. Qui a déjà traversé l'immense mégalopole, qui s'étire quasiment en jet continu de Tokyo à Hiroshima sur la face sud-ouest du Japon, comprendra aisément que la ville est forcément à la fois un thème d'inspiration ou un élément omniprésent du quotidien pour un photographe japonais.

Oshima Naruki, Reflections, 2006 © Courtesy Gallery White Room, Tokyo

Premier exemple, très représentatif de la ville japonaise et avec un beau reflet. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais alors là, c'est le genre de grande vitre trop propre que je me prends facilement en plein nez, mon attention étant attirée par de moins froides surfaces !

Shibata Toshio, Carson City, Nevada, 1983 © Toshio Shibata, Courtesy of Gallery Luisotti

Ici, on pourrait être au Japon. Je n'ai jamais vu autant de grande roue qu'au Japon. Il y en a partout. Sur les toits de certains grands magasins, dans les centres villes, près du Mont Fuji, près de la mer à Yokohama...Le photographe est japonais mais avec cette photo, nous sommes au Nevada.

Ishizuka Gentaro, Inner Passage 01, 2008 Courtesy Gallery White Room, Tokyo

On est de retour au Japon avec cette vision urbaine caractéristique d'une rivière, ou de ce qu'il en reste. Le photographe, Ishizuka Gentaro, a poétiquement nommé ce paysage : Inner Passage 01. Tokyo fut, il y a longtemps, une cité lacustre, une sorte de Venise orientale. Je vous mets au défit de trouver une rivière non saccagée aujourd'hui...Mais bon, ça fait partie de son indéfinissable charme.

Matsue Taiji, Chi 0254, 2002 © Taiji Matsue 2007 courtesy of TARO NASU

Je ne sais pas où cette photo fut prise, peut-être Shinjuku sortie Ouest, peut-être New York, ni l'une, ni l'autre...

Fukui Nobuhiro, Multiples - 02, 2007, pigment print mounted on plexiglass, 48.0 x 72.0 Courtesy of Tomio Koyama gallery

Là, oui, c'est vraiment Tokyo. Tout est là : la lueur gris-vert, les citernes et les clim sur les toits des immeubles, les fils à haute tension qui zèbrent le ciel, les immeubles biscornus...C'est totalement Tokyo !

Seike Tomio, Café des Deux Magots, 1993 © Courtesy Hamiltons Gallery, London

Pour finir, c'est Paris et ses terrasses de café. Mais saviez-vous qu'il y a un café des deux Magots à Tokyo également, installé dans le centre d'art (et de shopping) Bunkamura dans le quartier de Shibuya.

A bientôt pour une prochaine expérience photographique couleur Japon.

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