Kore-eda HIROKAZU : Montage / Producteur / Réalisateur / Scénario
Un mois s'est écoulé depuis le départ de Keiko. Les quatre enfants parviennent encore à se débrouiller et respectent les règles de la maison. Un jour, Keiko revient sans prévenir avec des cadeaux. Mais elle ne reste pas longtemps. Elle prend ses affaires d'hiver et repart en promettant de revenir pour Noël. Ce qu'elle ne fait pas. Comme elle n'est toujours pas revenue pour le Jour de l'An, Akira appelle un numéro de téléphone qu'il a trouvé et il entend sa mère répondre sous le nom de Mme Yamamoto. Bouleversé, il raccroche. Il réalise que sa mère les a abandonnés. Mais il ne veut pas que son frère et ses sœurs l'apprennent.
Keiko n'envoie plus d'argent et les enfants n'arrivent plus à régler les factures. Akira décide de mieux s'occuper de ses frères et sœurs car il réalise l'importance de rester unis. Les quatre enfants sortent de l'appartement tous ensemble pour la première fois. Ils n'ont pas respiré l'air libre depuis si longtemps qu'ils sont fous de joie. Ils vont s'acheter tout ce qui leur fait plaisir dans un supermarché et vont jouer au parc.
Eté
Désormais, les enfants sortent au parc tous les jours. L'eau et l'électricité ont été coupées. Ils vont donc s'approvisionner en eau et faire leur lessive au parc. Ils y voient souvent une jeune fille en uniforme de collège. Elle s'appelle Saki et ne va plus à l'école. Méfiante au départ, elle se lie d'amitié avec Akira. Par ailleurs, Akira montre les premiers signes de découragement.
“Nobody knows”par Kore-eda Hirokazu
Les faits réels
Ce film s'inspire d'un fait divers connu sous le nom de "l'affaire des quatre enfants abandonnés de Nishi-Sugamo". Cette affaire s'est passée il y a 16 ans, en 1988. Nés de pères différents, ces enfants n'étaient pas scolarisés et n'existaient pas légalement car leur naissance n'avait pas été déclarée. Abandonnés par leur mère, ils ont vécu livrés à eux-mêmes pendant six mois. La mort de la benjamine a mis fin de façon tragique à cette aventure. Curieusement, aucun habitant de l'immeuble ne connaissait l'existence de trois de ces enfants.Ce fait divers a suscité en moi diverses questions. La vie de ces enfants ne pouvait pas être que négative. Il devait y avoir une richesse autre que matérielle, basée sur des moments de complicité, de joies, de tristesses et d'espoirs. Je ne voulais donc pas montrer "l'enfer" vu de l'extérieur, mais "la richesse" de leur vie, vue de l'intérieur.
Une période de 15 ans
J'ai eu du mal à concrétiser ce projet et finalement, quinze années se sont écoulées après la première mouture du scénario. Cette affaire était-elle toujours d'actualité quinze ans plus tard ? Avant d'en faire un film, je devais me poser la question. D'après les statistiques du Ministère de l'Education Nationale, le nombre d'enfants entre 7 et 14 ans au domicile inconnu est passé de 533 en 1987 à 302 en 2000 mais ces chiffres ne concernent que les enfants dont la naissance a été déclarée.
Et si l'on tient compte du fait que la natalité a baissé, on peut supposer qu'il y a aujourd'hui plus d'enfants qui vivent clandestinement comme c'est le cas d'Akira et ses frères et sœurs.Cette affaire n'est donc pas un cas isolé propre à Tokyo,
mais un problème de société qui nous concerne. Le protagoniste du film ne représente pas le jeune garçon de ce fait divers de 1988, mais un enfant comme il en existe des milliers aujourd'hui parmi nous, sans qu'on le sache.
Un deuxième metteur en scène
YOU est quelqu'un qui vit dans le présent. J'ai compris qu'elle m'apporterait l'insouciance positive que je recherchais. Elle est arrivée sur le tournage sans préparation, et n'avait pas lu le scénario que je lui avais remis. On peut interpréter cela à la fois comme de la désinvolture et de la confiance en soi. Sur le tournage, sa force de concentration et sa vivacité d'esprit m'ont souvent impressionné. Elle était d'une grande spontanéité, et en même temps, savait recadrer les enfants dans l'histoire du film quand ils s'en écartaient. Je l'ai donc impliquée dans la direction d'acteurs en lui donnant des instructions comme "il faut que tu fasses rire Akira". On peut vraiment dire qu'elle a été comme un deuxième metteur en scène sur le tournage.
Le choix de l'appartement
70% du film se passe dans cet appartement. Afin de pouvoir montrer l'intérieur de façon différente, je pensais qu'il valait mieux qu'il y ait un balcon. Il ne fallait pas d'ascenseur, pour qu'on puisse voir le protagoniste monter et descendre les escaliers au début et à la fin du film.L'appartement sélectionné remplit toutes ces conditions. En plus, il se trouve au premier étage, au fond d'un couloir sombre. Il est donc isolé par rapport aux autres logements, ce qui est idéal pour cette femme qui veut vivre cachée avec ses enfants. La fenêtre dans l'escalier a aussi retenu mon attention. Je m'en suis servi pour donner une touche de suspens à la vie quotidienne des enfants.Cet appartement comprend deux pièces : la chambre de la mère avec des tatamis en face du balcon, la cuisine et le salon en face du couloir. La superficie totale est de 41,3 m2. C'est dans cet univers que tout se passe.
Bande-annonce du film
Les chocolats Apollo
Nous avons tourné avec un scénario volontairement détaillé, auquel les enfants ont spontanément apporté de nombreuses modifications. Celles-ci étaient notamment liées au fait que Yuuya qui joue le rôle d'Akira a beaucoup grandi au cours du tournage, mais pas seulement. Par exemple, j'avais imaginé que la petite Yuki aimait les Pocky à la fraise, mais elle m'a dit qu'elle préférait les chocolats Apollo. KIMURA Hiei qui joue Shigeru mangeait peu sur le tournage parce qu'il est assez difficile. On avait imaginé qu'il aimait les nouilles instantanées et le hasard a fait qu'il adorait ça. Dans la scène où on le voit finir sa soupe avec du riz, je l'ai laissé improviser. Pendant le casting, une petite fille était venue avec des sandales qui faisaient du bruit. Ce détail m'a plu. Quand Yuki sort pour aller chercher sa mère, elle porte des sandales comme celles-ci.
Les mandarines
Quand j'étais petit, je faisais pousser des fleurs, des fruits et légumes, dont un mandarinier qui est toujours sur le balcon de ma mère. Ce film a donc été nourri non seulement par les enfants avec qui j'ai travaillé mais aussi par ma propre enfance, à travers des détails et des sentiments que j'ai ressentis à l'époque (anxiété en attendant le retour de ma mère, tristesse de perdre un ami...). J'ai une grande différence d'âge avec le protagoniste, mais je suis né à Tokyo et j'y ai toujours vécu. Je pense que c'est le lieu que je peux le mieux dépeindre. Je connais l'univers de ces enfants et j'ai ép
Les images et les textes de ce billet sont reproduits avec l'aimable autorisation de ARP SELECTION.
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