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vendredi 6 mars 2009

Les années douces ( Sensei no kaban ) de KAWAKAMI Hiromi versus Charivari ( Kire gire ) de MACHIDA Ko

Les années douces ( Sensei no kaban ) de KAWAKAMI Hiromi
Je viens de lire coup sur coup deux livres d'auteurs japonais contemporains. Le premier dont le titre japonais "Sensei no kaban", la sacoche ou la pochette du maître, donne un autre éclairage que le titre français "Les années douces", est écrit par une femme : KAWAKAMI Hiromi. Il est tout en nuance. On ne s'ennuie pas à la lecture d'événements banals de la vie des deux protagonistes. Un maître d'école à la retraite rencontre une ancienne élève dans le bar que tous deux fréquentent régulièrement. Et ils picolent, et ils picolent...Bière sur saké, rien à jeter. Et saké sur bière, rien ne se perd ! Et ils mangent du tôfu, chaud, froid, tiède, nature, avec de la sauce soja et du katsuo boshi (des lamelles de poisson séchés), et ils me font envie, toujours en train de goûter à des mets qui donnent l'eau à la bouche. Même leur visite à Disneyland a l'air sympa. C'est peut-être la douceur (comme le souligne le titre français) de l'ensemble de ces petits fragments de vie, le respect, la politesse, la lenteur qui font le charme ineffable de ce récit ("ineffable", c'est un mot du maître). C'est peut-être aussi la description précise et réaliste (comme le souligne le titre japonais) de ces petits moments de vie, le côté sentimental sans psychologie qui rend l'histoire attachante. Bref, je ne sais pas à quoi tout cela tient, mais ce que je sais, c'est que je vous conseille la lecture du bouquin.

Charivari ( Kire gire ) de MACHIDA Ko
Le livre de MACHIDA Ko, qui ne fait pas qu'écrire mais qui s'illustre aussi dans le rock'n roll tendance punk, se lit avec un plaisir égal mais provoque des sensations bien différentes. Il gratte, il chatouille, il fait rire, il surprend, il agace, il perturbe. Le style de l'auteur est vif, imagé, libre. On ne fait plus la part du fantasme et de la réalité. C'est mordant, acerbe, sans compromis comme le looser magnifique, anti-héros de cette histoire à dormir debout.



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Tatamisés, les fous de Japon by François-Xavier ROBERT est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.

samedi 24 janvier 2009

La photo contemporaine japonaise...et le déguisement

Après la ville, l'eau et le quotidien, je vous propose d'aborder un nouveau regroupement subjectif et thématique : le déguisement.

Yamaguchi Noriko, Keitai Girl n°1, 2004 © Courtesy MEM Gallery, Osaka

Pour commencer, je vous présente Keitai Girl n°1, la Fille Téléphone Mobile n°1 - en français. Elle est très réussie. Et c'est vrai que question téléphone, les Japonais sont à la pointe de l'innovation. On observe le phénomène dans le métro parisien également, mais les Tokyoïtes ont de l'avance et tout le petit peuple nippon est plongé dans son téléphone pendant les longues heures de transport...De là à se transformer soi-même en téléphone, il n'y a qu'un pas !

A requiem Dream of Universe / ALBERT 1 © Yasumasa Morimura

Bravo ! Respect ! Le photographe Yasumasa Morimura réalise une sorte d'autoportrait mais en Einstein. Et il faut avouer que son Albert 1er est troublant de réalisme. On s'attend à le voir tirer la langue d'une seconde à l'autre.

Sawada Tomoko, Decoration, 2007 © Courtesy MEM Gallery, Osaka

Sawada Tomoko, quant à elle, ne choisit pas ses modèles dans les grandes figures de l'Histoire mais plutôt dans son quotidien. Ici, elle campe deux personnages typiques du Panthéon contemporain japonais : la Goth loli ou lolita gothique. Ha, elle fait fantasmer cette lolita-là ! Combien de reportages, combien de photographes amateurs, combien de journalistes ne se sont pas attaqués à ce sulfureux sujet. On retrouve un peu le même phénomène observé avec les geishas qui continuent à fasciner à travers les siècles et à intriguer l'homo occidentalis basicus.

En dehors de ces épiphénomènes au caractère anecdotique, il est vrai que les Japonais ont un sens de la parure très développé. La codification de l'habit traditionnel, le kimono, selon l'âge de la personne, son rang, selon la saison, selon les circonstances (cérémonies...), tout ce petit art des subtiles différences développent certainement une aptitude à manier les détails et à y être sensible...

Komatsubara Midori, Sanctuary arrange, 2004 © The Third Gallery Aya, Osaka

Voici peut-être ma préférée, un travestissement inverse. Deux jeunes écoliers interprétés par deux femmes. On touche aux rivages de Lesbos. Cela me fait penser au théâtre Takarazuka. Né au XXème siècle dans la région d'Osaka, c'est une forme théâtrale entièrement féminine, c'est-à-dire que tous les rôles y sont interprétés par des femmes et que le public fervent qui assiste aux représentations est presque exclusivement féminin. C'est une réponse au théâtre Kabuki où ce sont les hommes qui s'y collent ! Dans un pays où l'homosexualité reste encore largement tabou (un chiffre : Tokyo 17 millions d'habitants, gay pride 30 000 personnes. A Paris 3 millions d'habitants, gay pride 1 million de personnes qui dansent dans la rue !), dans ce pays-là, disais-je, il est appréciable de trouver un peu de trouble dans les genres...


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mercredi 14 janvier 2009

La photo contemporaine japonaise...et la ville

La dernière fois, l'année dernière, nous avons découvert ensemble les photographies d'artistes japonais inspirés par l'eau.
Tournons-nous vers ceux qui ont pris pour sujet : la ville. Qui a déjà traversé l'immense mégalopole, qui s'étire quasiment en jet continu de Tokyo à Hiroshima sur la face sud-ouest du Japon, comprendra aisément que la ville est forcément à la fois un thème d'inspiration ou un élément omniprésent du quotidien pour un photographe japonais.

Oshima Naruki, Reflections, 2006 © Courtesy Gallery White Room, Tokyo

Premier exemple, très représentatif de la ville japonaise et avec un beau reflet. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais alors là, c'est le genre de grande vitre trop propre que je me prends facilement en plein nez, mon attention étant attirée par de moins froides surfaces !

Shibata Toshio, Carson City, Nevada, 1983 © Toshio Shibata, Courtesy of Gallery Luisotti

Ici, on pourrait être au Japon. Je n'ai jamais vu autant de grande roue qu'au Japon. Il y en a partout. Sur les toits de certains grands magasins, dans les centres villes, près du Mont Fuji, près de la mer à Yokohama...Le photographe est japonais mais avec cette photo, nous sommes au Nevada.

Ishizuka Gentaro, Inner Passage 01, 2008 Courtesy Gallery White Room, Tokyo

On est de retour au Japon avec cette vision urbaine caractéristique d'une rivière, ou de ce qu'il en reste. Le photographe, Ishizuka Gentaro, a poétiquement nommé ce paysage : Inner Passage 01. Tokyo fut, il y a longtemps, une cité lacustre, une sorte de Venise orientale. Je vous mets au défit de trouver une rivière non saccagée aujourd'hui...Mais bon, ça fait partie de son indéfinissable charme.

Matsue Taiji, Chi 0254, 2002 © Taiji Matsue 2007 courtesy of TARO NASU

Je ne sais pas où cette photo fut prise, peut-être Shinjuku sortie Ouest, peut-être New York, ni l'une, ni l'autre...

Fukui Nobuhiro, Multiples - 02, 2007, pigment print mounted on plexiglass, 48.0 x 72.0 Courtesy of Tomio Koyama gallery

Là, oui, c'est vraiment Tokyo. Tout est là : la lueur gris-vert, les citernes et les clim sur les toits des immeubles, les fils à haute tension qui zèbrent le ciel, les immeubles biscornus...C'est totalement Tokyo !

Seike Tomio, Café des Deux Magots, 1993 © Courtesy Hamiltons Gallery, London

Pour finir, c'est Paris et ses terrasses de café. Mais saviez-vous qu'il y a un café des deux Magots à Tokyo également, installé dans le centre d'art (et de shopping) Bunkamura dans le quartier de Shibuya.

A bientôt pour une prochaine expérience photographique couleur Japon.

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lundi 10 novembre 2008

元ちとせ Hajime Chitose, une chanteuse JPOP

Hajime Chitose est une jeune chanteuse japonaise qui a commencé sa carrière à la fin des années 90. Elle combine avec élégance les influences de la JPOP, la musique de variété japonaise, et le style vocal particulier à l'archipel des Ryûkyû, archipel de l'extrême sud du Japon dont fait partie l'île d'Okinawa. Elle a un vibrato que je trouve charmant, elle oscille toujours entre les basses et les aigus en restant juste. D'autres chanteuses et chanteurs ont utilisé cette technique ou mixé la musique contemporaine avec des apports traditionnels comme le son du shamisen, sorte de luth japonais ; mais je trouve que c'est elle qui a le mieux réussi l'exercice.



Dans cette version de sa chanson Seirei, l'orchestration est réduite à un ensemble de percussions qui soulignent juste le tempo et accompagnent le chant en live de la chanteuse.



Voici les paroles en romaji (alphabet romain) de la chanson Wadatsumi no ki. Donc si vous jouez la vidéo ci-dessus, vous pouvez vous entrainer au karaoke !

Akaku sabita tsuki no yoru ni
Chiisana fune o ukabemashoo
Usui toomeina kaze wa
Futari o tooku tooku ni nagashimashita
Dokomademo massuguni susunde
Onaji tokoro o guruguru mawatte
Hoshi mo nai kurayami de
Samayou futari ga utau uta
Nami yo moshi kikoerunara
Sukoshi ima koe o hisomete
Watashi no ashi ga umi no soko o toraete
Suna ni fureta koto
Nagai kami wa eda to natte
Yagate ookina hana o tsukemashita
Koko ni iru yo
Anata ga mayowanuyoo ni
Koko ni iruyo
Anata ga sagasanuyoo
Hoshi ni hana wa terasarete
Nobiyuku ki wa mizu no ue
Nami yo moshi kikoeru nara
Sukoshi ima koe o hisomete
Yasashiku yureta minamo ni
Utsuru akai hana no shima
Nami yo moshi kikoeru nara
Sukoshi ima koe o hisomete

(Album Hainumikaze chez Epic Records)



Un dernier aperçu, très JPOP, une romance du nom de Maboroshi no tsuki qui correspond bien au style de la chanteuse.
Et la retranscription des paroles pour les amateurs :

Akai kudamono o gariri to kamimashita
Nureta kuchibiru ga nuranura to hikarimasu

Yawarakai nuno de karada o fukimashita
Koboreru shizuku wa dare no namida deshouka?

Maboroshi no tsuki no kage o bonyari to nagamete imasu
Aragaenu kono omoi ni kokoro wa kusuburimasu

Ame ga furu mae no nioi o kagimashita
Kizukarenu hana ga hitori de saite imasu

Nodo ni nagareru mizu no tsumetasa

Nadarakana saka no ue o karakara to aruite imasu
Kawakanai kami no mamade nanika o samasu youni

Maboroshi no tsuki no kage ga dokomademo tsuite kimasu
Shizumaranu kono omoi ni kokoro mo akaku naru no desu

(Epic records)

samedi 25 octobre 2008

Tokyo ! le film

3 films courts composent Tokyo !
3 visions personnelles par 3 artistes du cinéma contemporain : Michel Gondry et ses bricolages poétiques ; Léos Carax et ses délires géniaux ; Bong Joon Ho et son ironie mélancolique.


INTERIOR DESIGN. Le 1er petit film, celui de Gondry, montre bien la vie dans un quartier tranquille de la capitale japonaise et ses intérieurs exigus.


MERDE. Le film de Carax est très original, parfois un peu dérangeant. On sent que Carax a pris plaisir à appuyer là où ça fait mal - thèmes du racisme, du rôle du Japon en Chine pendant la 2ème guerre mondiale, de la peine de mort...Il réussit malgré tout à faire quelque chose de "léger" et d'assez drôle, notamment les passages dans la grande rue de Ginza (Chuô dori) et les faux JT japonais.


SHAKING TOKYO. Le 3ème film court de l'excellent Coréen, Bong Joon Ho, dont j'avais adoré les films Memories of murder et The Host, aborde le thème du hikikomori : phénomène de société japonais que l'on pourrait rendre par l'expression "enfermement volontaire". Le réalisateur réussit la prouesse de filmer un Tokyo vide de ses habitants, notamment le grand carrefour de Shibuya ! Prouesse déjà appréciée dans le livre de photos Tokyo nobody de Masataka Nakano et dans le film de Kiyoshi Kurosawa, Kaïro.
Mention spéciale à l'acteur Teruyuki Kagawa qui jouait aussi dans Tokyo sonata - voir plus bas le billet sur ce film.



Le site web en japonais : http://tokyo-movie.jp/

Toutes les illustrations sont reproduites avec l'aimable autorisation de la société de production et de distribution Haut et Court : www.hautetcourt.com/

jeudi 23 octobre 2008

Les Romanesques, un royaume de chansons et de chorégraphies décalées

J'ai découvert le groupe Les Romanesques en assistant lundi dernier au Sunset - rue des Lombards - à une représentation du "Cabaret Shinjuku".


Pour planter l'ambiance, je dirai que ce groupe de 2 joyeux drilles, le prince magnifique et sa servante obéissante, emprunte à la fois à l'esthétique "queer", au manga (genre Rose de Versailles), à la pop rose bonbon des sixties et à la culture otaku typiquement japonaise. La synthèse de tout ça est détonnante et étonnante !
Vous ne parlez pas japonais. Pas de problème ! Nos deux artistes se plaisent à Paris et proposent des chansons en français dans le texte comme l'innénarable J'ai 17 ans et la dansante Mademoiselle.


Plus d'infos sur Les Romanesques :