Première qualité, les bons dorama sont courts (une dizaine d'épisodes de 50 min environ) et ne se développent généralement que sur une seule et unique saison, quel que soit leur succès public.
Deuxième qualité, quand on ne peut pas voyager au Japon, les dorama nous plongent dans un univers quotidien, sans grand artifice de mise en scène, avec des scènes de repas souvent alléchantes.
Ils convoquent aussi un peu de l'état d'esprit des Japonais. J'ai remarqué, par exemple, qu'un ressort des nombreuses séries semblait être la frustration (kuyashii, kuyashisa), ce terme revenant régulièrement dans les séries visionnées. En fait, le terme fait référence au sentiment de colère ou de découragement que l'on ressent lors d'un échec, d'une défaite ou d'une humiliation.
Autre constat, les dorama ont souvent lieu dans un contexte d'études supérieures (un peu comme les teen movies ou campus movies américains) et sont également souvent adaptés de manga. Ce dernier point expliquant sans doute le premier...Je ne me suis pas intéressé aux dorama historiques qui pour la plupart idéalisent ou mythifient la vie des samouraïs.
Enfin si la tragédie, le mélodrame, et l'humour dominent le genre, le suspens et l'action (et même la chronique sociale) ne sont pas totalement absents.
Rendons à César ce qui lui appartient. Aujourd'hui, tout le monde se passionne pour les séries coréennes dont le modèle est bien né au Japon. Elles semblent juste avoir enflé au passage en franchissant le détroit de Tsushima, avec deux fois plus d'épisodes en moyenne et des durées à l'épisode qui passe allègrement les 60 minutes. Attitude pleine de prétention ? :)
Il existe quantité de série japonaises, je vais donc vous guider en vous proposant mon TOP 15 des drama japonais.
1) Going my home : retrouver le père, avec l'aide des lutins de la forêt...
Bon, j'avoue. Kore Eda Hirokazu est l'un de mes réalisateurs japonais préférés donc quand j'ai découvert qu'il avait, en plus de son activité de documentariste et de cinéaste, créé une série télé : je me suis jeté dessus. On retrouve, dans sa série, toute l'acuité du regard du cinéaste sur la société japonaise, son don particulier pour filmer les histoires de famille et sa poésie douce.Une jolie découverte à voir en famille ou tout seul bien installé dans son lit.
2) Kino nani tabeta? (Qu'as-tu mangé hier ?) : l'amour se réchauffe au creux des marmites et dans l'odeur exquise des bons petits plats mijotés à la maison
On suit la vie d'un couple gay : un avocat doué en cuisine qui travaille dans un petit cabinet de juristes à Tokyo, et son mec qui, lui, est un coiffeur, doux rêveur et sympathique.L'avocat nous donne dans chaque épisode une ou deux recettes qu'il a lui-même affinées ou qu'il a héritées de sa mère, fine cuisinière également. J'ai essayé sa recette de minestrone : délicieux !
C'est suffisamment rare pour une série japonaise de mettre en avant un couple gay pour souligner le bel effort. La société japonaise est très tolérante vis-à-vis de l'homosexualité...du moment où on n'en parle pas et qu'aucun membre de votre famille ne soit homo. Je schématise ; mais c'est un peu ça quand même.
Donc bravo à cette série et bravo pour toutes ces succulentes recettes.
La série Trente ans de virginité peuvent faire de vous un sorcier?! adaptée d'un Boys-Love Manga est aussi intéressante. Complètement décalée comme son nom l'indique...
3) et 4) My boss, my hero : les yakuzas au grand cœur nous font rire
Cette série est assez débile (comme beaucoup de séries japonaises - il faut bien le reconnaître) mais tellement drôle !Le héros, un jeune chef yakuza bagarreur et inculte, doit...reprendre des études. Cela donne lieu à de nombreuses situations cocasses et je pense que l'acteur principal, l'excellent Tomoya Nagase, doté d'un très beau visage mais qu'il sait faire grimacer peut-être encore mieux qu'un Louis de Funès, insuffle cette énergie comique qui m'a beaucoup plu surtout dans les premiers épisodes.
À noter aussi la chanson du générique, Sorafune, interprétée par le groupe Tokio qui est vraiment réussie et entraînante.
Chaque série produite par les chaînes de TV propose ainsi une chanson titre.
Dans le même genre mais au féminin cette fois-ci, il y a aussi le dorama : GOKUSEN.
Ici, c'est l'héroïne jeune professeure de mathématiques qui est issue d'une famille de yakuza.
Elle doit prendre en charge une classe d'adorables cas sociaux qui vont trouver une interlocutrice à leur hauteur.
C'est moins réussi que My boss, my hero à mon avis ; mais c'est comme une variation sur un thème similaire.
5) Hanzawa Naoki : méfiez-vous du banquier qui dort
Avec le thème suivant : un banquier qui veut arriver au top de la hiérarchie...c'était pas gagné. Quoi de plus ennuyeux qu'une histoire de banquier ?
Mais l'intérêt de la série réside dans l'opposition entre d'une part le groupe des banquiers véreux et des grands patrons cupides, confrontés d'autre part à celui des banquiers qui veulent vraiment aider à développer le pays et des petits patrons amoureux du travail bien fait.
On voit bien, dans le dorama, ce trait très japonais du travail de qualité où l'on peut passer toute sa vie à améliorer la résistance et la forme d'une vis et d'un boulon.
Adapté du manga :
6) Nodame cantabile : le jeune chef psychorigide et la pianiste inspirée, faignasse et...benête
On est ici dans le registre de la pure comédie avec un jeu outrancier et potache à souhait.
Mais quel bonheur d'écouter autant de musique classique dans une série ! Et de donner le goût de cette musique.
7) Hibana sparks : la vie de bohème des comédiens japonais
Cela étant dit, revenons à nos moutons.
Cette série est intéressante car elle se penche sur un genre typiquement japonais de one-man-show ou standing comedy : le manzai. Contrairement au style occidental où l'acteur est seul en scène, il s'agit ici de duo comique, un peu à la Laurel et Hardy, mais avec un fort accent mis sur les dialogues, la langue, les jeux de mots...
On suit ici les tribulations de deux jeunes acteurs dans le Japon d'aujourd'hui. Le style manzai n'est plus aussi populaire qu'avant. Accrochez-vous les petits gars !
8) Tokyo Tarareba Girls : ratiocination et procrastination entre copines
Un jour mon prince viendra...
Ou pas !
Le message de la série, c'est : prends ta vie en main sans négliger la belle sororité avec tes meilleures copines.
Un trio tokyoïte de chic et de choc nous entraîne dans ses aventures. J'aime beaucoup le fait qu'elles se retrouvent tout le temps dans l'izakaya (bistrot à la japonaise) du père d'une des filles, autour d'une bière, à refaire le monde à grands coups de "tarareba" que l'on peut traduire par : si seulement, avec des si, ce qui est fait est fait...
Le manga vient de paraître en France aux éditions Le lézard noir.
8) Zettai kareshi - Absolute boyfriend : l'amour au temps des humanoïdes
On connaît le goût des Japonais pour les robots, les costumes, les fétiches en général...Et si un savant de génie, mais un peu allumé quand même, imaginait l'amant idéal, l'amoureux qui comblerait tous vos désirs à la fois émotionnels et physiques.
C'est la bonne idée de départ de cette série : le robot humanoïde amant parfait. C'est un spécimen, il est en mode test...On va voir ce qui va se passer.
Comme souvent dans les séries en général, et les drama japonais en particulier, le scénario part en sucette à environ la moitié du parcours. Mais c'est quand même sympa à découvrir !
9) Orange days : et si on créait une fraternité ?
Une comédie de campus avec un petit truc en plus : la langue des signes.
Le personnage féminin principal est en effet atteint de surdité. Violoniste accomplie, elle a perdu toute confiance en elle après avoir développé la maladie.
Il faudra tous les efforts du charmant Satoshi Tsumabuki (et de leurs amis) pour reprendre courage.
10) Water boys : pour admirer les maillots de bain les plus ajustés au monde !
11) One liter of tears : ça va faire pleurer dans les chaumières !
Un litre de larmes, c'est à peu près ce que chaque spectateur doit verser en regardant cette série.
Une jeune fille gentille, dynamique, moteur dans sa famille comme dans son équipe de basketball féminin, est atteinte d'une maladie neurologique dégénérative qui va lui ôter peu à peu toutes ses facultés. Je ne "spoil" rien, ni ne divulgache rien en écrivant cela car cette maladie, au nom aussi imprononçable en japonais qu'en français, est évoquée dès le tout premier épisode.
Cela finit mal mais on a le plaisir au passage de découvrir le jeune Ryō Nishikido (chanteur de J-pop, acteur, modèle) dont c'était l'un des premiers rôles (ou presque).
J'ai beaucoup pleuré.
12) Midnight diner : TOKYO STORIES, petites conversations entre amis accoudés sur le bar du patron
Une autre série proposée par le grand arrogant suprême (tout le monde aura reconnu Netflix). C'est sympa parce qu'on n'y parle de bouffe et de gros sentiments.
On découvre aussi cette culture si typique du Japon populaire, les bars de comptoirs ou mini bars, tenus par un homme seul, mais le plus souvent par une femme seule, la mama-san.
Ici c'est un homme qui accueille les clients tard le soir et les réconforte avec ses bons petits plats...qui ne figurent sur aucune carte. Le plat du jour s'efface devant les soucis et les envies de chacun.
13) BG - Personal Body Guard : les gentils gardes du corps contre les méchants flics qui se la jouent
14) Followers : réussir à émerger à l'ère d'Instagram
15) Unnatural : les médecins légistes mènent l'enquête
Si l'on en croit la série (mais je ne me suis pas documenté sur le sujet), il y aurait un problème avec la médecine légale au Japon. Peu de professionnels veulent embrasser cette voie, il y aurait embouteillage, pas assez de médecins spécialisés et donc un grand nombre de cas irrésolus ou tout simplement non traités, faute de temps et de moyen.
Ici, on suit donc les enquêtes menées par une agence indépendante qui aident la police sans être rattachée directement à cette dernière. La médecin en chef est une femme donc beau message aussi pour les filles mieux valorisées que les hommes dans cette série. C'est suffisamment rare pour être noté.