La cuisine japonaise ne semble connue en France que par les sushis et yakitoris proposés dans les restaurants bon marché… Pourtant, les Japonais pratiquent une cuisine raffinée, dédiée à la saveur des produits frais, fruit d’une culture millénaire, sans refuser l’apport de la modernité. Avec 101 saveurs du Japon (Dunod, 2015), François-Xavier Robert, passionné par le pays, sa culture, nous transmet l’essentiel pour découvrir le Japon, à travers des produits authentiques, abordables et à goûter ici en France, comme une invitation au voyage…
- Comment avez-vous choisi
ces 101 saveurs du Japon ?
D’abord, j’ai fait travailler
ma mémoire et cherché à évoquer mes souvenirs les plus marquants. Je souhaitais
mettre en avant des produits qui me paraissaient évidents, qui semblaient
s’imposer soit parce qu’ils sont d’une manière ou d’une autre
« représentatifs » de l’art culinaire japonais, soit parce qu’ils
s’inscrivent fortement dans la culture nippone, dans son histoire ou ses
traditions.
Ensuite, j’ai cherché à
équilibrer les produits à manger et ceux à boire et à proposer quelques
ustensiles qui témoignent de cet art culinaire.
Enfin, j’ai mis beaucoup de
soin à ne garder que les produits les plus faciles à se procurer en France :
j’ai par exemple exclu des produits frais comme les poissons, et j’ai voulu
équilibrer les produits de marque (bières, confiseries emblématiques…) et les
produits « bruts », non transformés par l’industrie agroalimentaire (légumes…).
- Qu’est-ce qui
caractérise la cuisine japonaise ?
Le
message que je veux faire passer, c’est que la cuisine japonaise est
incroyablement riche et variée. Je veux que l’on oublie les sushis et les
brochettes de viande pour considérer des produits bien plus intéressants. Le
sushi est japonais, comme la pizza est italienne : c’est l’arbre qui cache
la forêt !
La
cuisine traditionnelle japonaise, le washoku,
a été reconnue comme faisant partie du patrimoine immatériel mondial par l’Unesco
en raison de l’attention toute particulière portée aux produits frais, aux produits de saison. On connaît
l’intérêt des Japonais pour la floraison des cerisiers au printemps par
exemple, et bien cette passion pour les changements de la nature se retrouve
dans les assiettes.
Je
retiendrai aussi bien volontiers la saveur dite umami, le bon goût, le savoureux comme étant un élément marquant de
cette cuisine : le bouillon dashi agit
en effet comme un révélateur du goût des produits de base. On transforme au
minimum, on révèle la quintessence du produit en le préparant sans trop le
cuire et en le présentant de manière élégante.
Dernière
caractéristique importante : c’est une culture du riz et du soja, sous
toutes leurs formes. Gruau, farine, pâte pour le premier…Tofu, condiment, fèves
pour le second…
Mais
en ayant dit cela, je passe sous silence tous les métissages réalisés grâce aux
cuisines asiatiques (chinoise, coréenne…), ainsi qu’avec celles plus lointaines
(portugaise, anglaise, française…). On sait que les Japonais sont doués pour importer,
s’approprier et « raffiner » des techniques. C’est valable aussi en
cuisine !
- Que traduisent du Japon ces 101 saveurs ?
Elles
traduisent une passion partagée avec le peuple français : l’amour de la
bonne chère. Mais j’ai parfois utilisé un produit pour donner des éclairages
sur la mentalité ou les traditions japonaises. Par exemple, c’est la culture du
riz, qui nécessitait un travail méticuleux et difficile mobilisant toute les
communautés paysannes, qui expliquerait la faveur japonaise accordée au groupe
plutôt qu’à l’individu. Il ne faut jamais schématiser sur ces terrains-là de la
vie en société et des traditions, mais ces 101 produits à boire et à manger
peuvent apporter des éclairages originaux sur la culture de tout un peuple.
À
travers l’histoire des marques apparaît aussi parfois l’histoire du pays. Par
exemple, les premiers producteurs de bières japonaises sont des enfants de
l’ère Meiji, l’époque d’ouverture du Japon aux techniques occidentales à la fin
du 19e siècle.
Enfin,
ces produits traduisent aussi l’inventivité et le goût pour la nouveauté des
Japonais par les nombreuses déclinaisons, que ce soit en termes de packaging ou
de saveurs, de certains grands classiques des rayons alimentaires.
- Pour les amateurs,
est-il facile de se procurer en France les produits présentés ?
Environ 10 à 20 % de ces
produits sont des légumes ou des fruits qui sont produits en France ou très
faciles à s’y procurer (kakis, radis géants, edamame, algues, champignons…). Environ 30 à 40 % sont des
produits manufacturés ayant des équivalents français et j’ai privilégié les
marques bio (par exemple pour le tofu, le lait de soja, les nouilles de
sarrasin, le surimi…). Parmi les produits de marques 100% japonaises, il y en a
qui sont largement distribués dans nos super- ou hypermarchés (la sauce de soja
Kikkoman, les produits laitiers Yakult, la bière Asahi…). Enfin les produits plus rares sont disponibles soit dans
les épiceries spécialisées (japonaises et parfois chinoises ou coréennes) et
sur de nombreux sites internet livrant sur tout le territoire national. J’ai
fait attention à l’accessibilité de ces 101 saveurs et j’ai choisi des produits
abordables et non réservés à une élite.
Tatamisés, les fous de Japon by François-Xavier ROBERT est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire