Les Japonais accordent beaucoup d’importance aux cycles de la nature et notamment au passage des saisons. Et il est vrai que, tout comme en France, les 4 saisons japonaises sont bien marquées et apportent chacune une raison de se réjouir. A Tokyo, je me rappelle que, durant le trajet d’une vingtaine de minutes qui me menait de ma petite maison perdue dans une ruelle jusqu’à la gare de Nishi Eifuku, j’avais souvent plaisir à observer les changements de la nature. Ce charme que l’on peut trouver dans le passage des saisons, les célèbres cerisiers en fleur du printemps, le flamboiement des érables en automne, le jaune vif des ginkgos au début de l’hiver, les iris en juin…etc., on peut le retrouver dans différentes préparations culinaires qui, tout comme la nature, marquent de leur saveur particulière une saison donnée.
Haru
Commençons bien sûr par le printemps, la renaissance après le sommeil hivernal. Le 3 mars a lieu la fête des petites filles, appelée aussi Hina matsuri – la fête des poupées, ou encore, Momo no sekku – la fête des fleurs de pêchers. A cette occasion, on déguste les sakuramochi, petit dessert que j’apprécie tout particulièrement. Les sakuramochi du Kansai, la région autour d’Osaka à l’ouest de Honshu, sont réputés. Ces desserts sont composés d’une feuille de cerisier à la saveur délicatement salée qui enrobe une boule de riz gluant contenant elle-même une délicieuse portion de pâte de haricot rouge sucrée. Lors de cette fête printanière on expose traditionnellement des poupées en l’honneur des petites filles. Et sur l’autel accueillant ces poupées, on ajoute des fleurs de pêchers et une autre spécialité japonaise : le shirozake – ou saké blanc. La première fois que j’ai goûté à ce type très particulier de saké, c’était à Takayama, la petite bourgade traditionnelle du centre de Honshu (pas très éloignée de Nagoya). Le saké de Takayama est réputé car l’eau des montagnes qui coule là-bas est très pure. Pourtant en ce qui concerne le shiro-zake, ce n’est pas la pureté qu’on remarque au premier abord, car c’est un saké non distillé et il a un aspect laiteux. Il faut secouer un peu la bouteille avant dégustation pour que le dépôt se répartisse bien. La saveur douce amère de ce saké est incomparable et vaut vraiment une dégustation.
Natsu
En été, après avoir visité le temple de Shinshoji à Narita (oui, la ville de Narita vaut la peine qu’on s’y arrête ; et pas seulement pour son aéroport), il faut récupérer et reprendre des forces pour supporter la chaleur humide. Rien de tel alors que les anguilles grillées, unagi. Dans les petites rues commerçantes entre la gare et le temple, il y a d’excellents restaurants qui les préparent devant vous – cœur sensible s’abstenir ! Plus tard dans l’après-midi, une pause fraîcheur s’imposera à nouveau et je vous conseille un kakigori, ou glace pilée. Il s’agit tout simplement d’un pot de glace pilée recouvert d’un sirop (sirop au thé vert, au citron, au melon…). C’est plus frais et moins sucré qu’une glace au lait ou un sorbet. Et on en trouve quasiment partout. En été, on a envie de manger froid : et c’est tout le plaisir de la dégustation des sômen, ces nouilles blanches très fines qu’on peut tremper dans une sauce à base de soja et de gingembre par exemple. Celles de Miwa dans la préfecture de Nara sont très réputées. C’est d’ailleurs à l’époque où Nara était la capitale impériale du Japon que les Japonais ont « importé » les sômen de Chine.
Aki
En automne, on glisse doucement vers la saison froide, mais avant qu'elle ne soit tout à fait installée, la nature japonaise nous offre quelques-uns de ses meilleurs fruits comme les kaki, orange et juteux, les nèfles ou le raisin de Muscat aux énormes grains qu’on épluchera bien sûr comme tout bon Japonais. Vous l’avez compris en automne, j’aime les fruits japonais et j’ajouterai les mandarines, mikan, délicieuses de l’île du Sud – Kyushu, les marrons, kuri, que vous pourrez manger avec du riz – kuri-gohan.
Fuyu
Et voici l’hiver, on va se réchauffer dans les izakaya et se retrouver entre amis autour d’un nabe, ou fondue japonaise. Enfin, le nouvel an, shôgatsu, vous donnera l’occasion non seulement de repartir à zéro mais aussi de goûter au zôni, un bouillon assez clair à base de légume et de mochi, cette boule de pâte de riz qu’il faut se garder d’avaler d’un coup si l’on ne veut pas s’étouffer !
Tatamisés, les fous de Japon by François-Xavier ROBERT est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France.
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